L'hémangiosarcome n'est pas tendre avec nos amis les chiens : se développant à partir de certaines cellules présentes sur le système vasculaire, cette tumeur peut se développer sur plusieurs organes ou sites anatomiques (coeur, foie, mais aussi les os ou la peau...) et elle a surtout la particularité de se métastaser très rapidement, ce qui ne laisse guère de chances à nos fidèles compagnons.
Si certaines races sont prédisposées, tels que les Caniches, Bergers Allemands, ou encore les Golden et Labrador Retrievers, elle peut toucher plus généralement tous les canidés et représente entre 1% et 5% des cancers présents chez le chien. De très mauvais pronostic, seuls 10% de chiens survivent plus d'un an après leur diagnostic, et aucun animal ne dépasse les deux ans.
Grâce à de nouvelles recherches qui ont été publiées dans la revue Cancer Gene Therapy, il se pourrait cependant que ce cancer soit prochainement mieux compris.
Des cellules qui résistent à la chimiothérapie
Au cours de ses travaux, l'équipe de chercheurs de l'université de Floride et de l'université du Minnesota (États-Unis) a travaillé sur le gène PIK3CA et ses mutations. Interviewé par le média Sciences et Avenir, Jong Kim, co-auteur de la nouvelle étude et chercheur au Collège de médecine vétérinaire de l'université de Floride, a expliqué que les mutations de ce gène étaient retrouvées dans de nombreux cancers chez l'humain et qu'elles concernaient également les cancers canins, notamment dans l'hémangiosarcome, où cette mutation serait présente dans 30% des cas.
Dans des études antérieures au sein de la communauté scientifique, l'impact de cette mutation a déjà été examiné et les chercheurs ont pu remarquer qu'elle jouait un rôle dans la protection des cellules tumorales. Le Pr Jong Kim souligne que leur découverte sur l'hémangiosarcome canin apporte une nouvelle perspective .
En effet, ces nouveaux travaux ont révélé que la mutation du gène PIK3CA induit une forte signalisation immunitaire au sein des cellules d'hémangiosarcome, entraînant des caractéristiques immunitaires tumorales particulières. En d'autres termes, ces résultats démontrent que lorsque des mutations se produisent dans les cellules d'hémangiosarcome, celles-ci modifient l'environnement immunitaire qui les entoure. Cette signalisation immunitaire issue de la mutation pourrait non seulement favoriser la croissance et la survie de l'hémangiosarcome, mais aussi transformer le « voisinage » des cellules tumorales, leur permettant ainsi de résister plus efficacement aux traitements de chimiothérapie.
Grâce à cette nouvelle compréhension du fonctionnement de cette mutation, de nouvelles possibilités de traitements pourraient bien voir le jour. Si l'on cible les réponses immunitaires qui sont faites à la mutation du gène PIK3CA, un nouveau mode de thérapie pourrait un jour exister pour les cas présentant cette altération génétique.
Pour le moment, aucun traitement n'est encore disponible sur le marché, mais ces avancées scientifiques permettront peut-être de mieux prendre en charge ce cancer dans quelques années.