S'il est plus courant chez le chien, l'hyper-attachement existe aussi chez le chat. Certains matous ont besoin d'être en contact (visuel ou tactile) constant avec leurs humains. Et lorsque ceux-ci doivent s'absenter, le chat est frappé par le stress et l'angoisse, qui peuvent se manifester par de la destruction, voire de l'automutilation.
Comportementaliste du chat, Marie-Hélène Bonnet nous en dit plus sur cette dépendance affective, ses origines, et les moyens de l'éviter.
Le chaton et sa mère
Le chaton à sa naissance n’a aucun soucis, et jusqu’à son sevrage social, sa mère gère tout pour lui, veille à son confort, son bonheur, sa propreté et son alimentation : il se laisse prendre en charge à 100%.
La chatte réconforte ses chatons, en ronronnant mais aussi avec les phéromones qu’elle dégage afin de rassurer la portée, le message continu de la jeune maman est le même toute le temps « tout va bien, je veille sur vous, il ne peut rien arriver ». Le meilleur moment de la vie de chaque chat incontestablement !
> En savoir plus sur les premiers jours et le sevrage du chat
Mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin, et il arrive le jour où la chatte repousse ses petits les invitant à prendre leur indépendance et à partir le plus possible de son giron si doux et réconfortant…
Donc, quand les choses sont faites correctement, c’est là que nous pouvons avoir notre chaton, juste après cette phase de rejet.
Un chat trop couvé
Nous sommes humains, et nous pensons et agissons en humains, pas en félins et c’est bien normal ! Là où la maman a vu un chat suffisamment mûr et mature pour se prendre en charge seul, et vivre sa vie comme un adulte, nous, nous voyons un pauvre petit bébé qui n’a plus sa maman et ses frères et sœurs pour jouer avec lui…Et bien naturellement, notre instinct maternel (ou paternel) prend le dessus, le besoin de câliner et rassurer cette petite boule de poils qui est tellement déboussolée et qui doit se sentir abandonnée.
Le chat, qui regrette déjà de ne plus être pris en charge à temps complet en profite pour retrouver un peu de ce bonheur passé. Et là, le début du problème s’installe !
Toute sa vie le chat recherche à revivre ces moments si agréables où tout venait à lui avant même qu’il n’en ait besoin, et nous, en bons humains, nous lui tendons la perche !
Le chat va donc s’engouffrer dans cette faille que nous ouvrons, il va se laisser porter par son humain, son nouveau parent de substitution. Nous allons le nourrir, le prendre en charge, et anticiper tous ses besoins, comme sa mère le faisait au début de sa vie. Et plus le chat sera demandeur, plus notre instinct nous poussera à répondre à ses attentes.
Le temps passe, une relation s’installe doucement mais surement. On n’ose plus partir en week-end, du simple fait que Matou pourrait s’ennuyer ou déprimer. Et s’il avait besoin de nous au moment où nous serions absents ? Rien que de se poser la question, le week-end serait gâché, autant l’annuler. Pareillement pour les vacances. On va même se surprendre à refuser un verre entre amis des fois que…
Comment éviter l'hyper-attachement ?
Et un jour, on se rend compte que notre chat ne se comporte pas comme les autres, que notre vie est complètement anéantie et envahie par ce chat si gentil, mais si lourd à vivre au quotidien ! Et si notre vie changeait ? Si un enfant arrivait ? Comment le chat réagirait ? Très mal bien sûr. Doit-on pour autant mettre sa vie entre parenthèses pendant 15 à 20 ans pour Matou ?
La réponse est simple : non. J’entends trop souvent des maîtres de chats se comportant ainsi avouer qu’ils envisagent de le placer parce que leur vie est devenue trop difficile à organiser. Avant d’en arriver là, pensez à une chose simple : qui mieux qu’une maman connaît ses petits ? Si une maman exemplaire comme l’est une chatte juge que son petit est prêt à se lancer seul, n’aller pas remettre en question son jugement !
Etablissez des règles simples dès le départ ! Des câlins, des jeux, de l’affection, oui, il en faut, c’est évident. Créer un lien de dépendance entrainant un syndrome d’hyper-attachement, non. Cela étouffe le chat qui devient un chat « pourri gâté » , mais rapidement nous étouffe aussi de par les conséquences qu’une telle relation implique, relation des plus malsaines qui plus est, pour vous comme pour Matou.
Il se laisserait dépérir si vous deviez être hospitalisé quelques jours, il pourrait devenir agressif si vous aviez un autre animal voir un enfant. Vous devenez son addiction, et aucune addiction ne peut et ne doit être encouragée.
Alors pour son bonheur, et pour le votre pendant ces longues années que vous allez partagées, respectez l’indépendance de votre chat, ne le couvez pas !
Marie-Hélène Bonnet
Comportementaliste du chat
http://www.comportement-chat.com