Pour la plupart des propriétaires de chien, la compagnie de leur animal est un véritable bonheur. Cependant, ce sentiment de joie est souvent teinté d'une part d'ombre : conscients que la vie de nos compagnons est trop courte, nous vivons souvent cette joie quotidienne avec une inquiétude tapie dans l'ombre qui nous rappelle qu'un jour, tout s'arrêtera.
Avec un chien, le temps défile d'ailleurs à une vitesse folle. Celui qui était un jeune chiot fougueux nous semble soudainement plus calme, il court moins longtemps, quelques poils blancs apparaissent sur ses babines et puis sans prévenir... nous avons tout d'un coup un animal senior qui semble se rapprocher de cette fin inévitable. Votre chien vous semblait pourtant encore jeune hier, comment une décennie a-t-elle pu passer aussi vite ? C'est cela, la magie de ces relations spéciales entre les maîtres et leurs chiens : des histoires qui nous rappellent sans cesse qu'il faut savoir vivre dans l'instant présent, car demain n'est pas garanti.
Depuis 15 ans, un chien nommé Reeses faisait le bonheur de sa famille. Après une vie remplie d'amour où la présence du toutou était un véritable pilier dans le quotidien de ses propriétaires, ils ont finalement dû affronter ce grand départ que tous les maîtres redoutent.
Une adoption qui a changé leur vie
Lorsqu'il était chiot, Reeses n'était pas voué à ce destin heureux. Trouvé errant aux États-Unis, il avait été recueilli par un refuge local, mais comme il était de type Pit Bull, ses chances d'être adopté étaient bien minces. Heureusement, il a pu croiser le chemin de Eric Hooyman, qui vivait chez sa mère à l'époque et souhaitait acquérir son premier chien. Même s'il a dû négocier avec sa mère et lui expliquer que Reeses était un candidat idéal malgré sa race, il a pu la convaincre que ce chien valait le coup après l'avoir emmenée au refuge pour le rencontrer.
Il faut dire que Reeses avait fait de son mieux pour plaire ce jour-là, comme l'homme l'a expliqué au média Newsweek : « Dès qu’il a vu ma mère, il a couru vers elle, lui a sauté dessus et l’a couverte de léchouilles ». Dès le lendemain, le toutou a pu rejoindre son nouveau foyer, dans lequel il a été heureux pendant ces très nombreuses années. S'il a vécu pendant un moment avec Eric Hooyman pour seul maître, il a été présent pour accueillir la fille de son propriétaire à sa naissance. À partir de là, Reeses a montré d'excellentes facultés en tant que chien de famille et a tissé un lien particulier avec l'enfant : un jour, alors qu'elle avait 4 ans et demi, la petite fille a soudainement disparu du domicile, causant une panique absolue. Partis à sa recherche, ses parents l'ont finalement retrouvée saine et sauve, accompagnée de Reeses qui l'avait suivie à l'extérieur et ne l'avait pas lâchée d'une semelle. Depuis, comme l'explique son père, les deux amis étaient inséparables.
Une belle histoire qui doit malheureusement prendre fin
Âgé de 15 ans, Reeses commençait à montrer de nombreux signes de vieillesse. Deux ans avant sa mort, les premiers indices sont apparus : une faiblesse dans la patte arrière gauche, qui ne semblait pas inquiétante au départ. Mais la situation a empiré et Reeses marchait de plus en plus difficilement. Après une visite chez un vétérinaire, le diagnostic est finalement tombé : il était atteint d'une myélopathie dégénérative, une maladie incurable qui ronge la moelle épinière et prive peu à peu le chien de ses mouvements.
Eric Hooyman, son maître, a dû prendre une décision déchirante : « La plus difficile de ma vie », confie-t-il. Reeses serait cependant endormi à la maison, entouré de ceux qu’il aimait depuis 15 ans, afin de lui offrir le départ le plus doux possible. Terrassé par cette terrible nouvelle, son maître ne pouvait contenir sa tristesse : « Je crois que j’ai pleuré avec lui au moins une douzaine de fois dans les jours précédant l’euthanasie », a-t-il expliqué dans son témoignage. S'isolant dans une pièce de la maison avant l’arrivée du vétérinaire, il s’est effondré : « Je l’ai remercié d’avoir été lui. Je lui ai demandé pardon de ne pas avoir pu le sauver cette fois. Et je lui ai dit qu’il avait fait un travail incroyable avec ma fille. »
Pour son maître, Reeses était plus qu’un chien... Il était l'ange gardien de sa fille. S'il l'avait protégée lors de sa disparition quelques années auparavant, il avait depuis toujours montré une grande tendresse pour l'enfant et s'était toujours comporté comme le meilleur des amis. Peu avant le grand départ de son chien, la petite fille a d'ailleurs commencé à comprendre ce qu'il se passait, et s'est soudainement mise à pleurer. Reeses, dans un dernier élan de douceur, est allé la rejoindre pour lui lécher les joues, comme pour nettoyer ses larmes. Ce geste a brisé le cœur d’Eric, qui se rendait compte à quel point il avait eu un chien exceptionnel.
Le jour de l’euthanasie, malgré sa faiblesse, Reeses a quand même trouvé la force de se lever une dernière fois pour se diriger vers son maître et s'est couché à ses pieds. Comme dans un ultime message, Reeses semblait remercier Eric pour cette vie merveilleuse et lui montrer une dernière fois l'amour infini qu'il avait pour lui. Infiniment reconnaissant de ce dernier moment avec son chien, il a laissé partir Reeses loin de ses souffrances. Depuis, Eric entend parfois des remarques déplaisantes lorsqu'il évoque la perte de son chien : beaucoup de personnes ne comprennent pas que la perte d'un animal peut être aussi douloureuse que celle d'un proche. Pour lui, Reeses n'était pas "qu'un animal" : il était son meilleur ami et un membre de la famille à part entière. Et dans ses derniers gestes envers sa famille, ce toutou a bien montré qu'il méritait amplement cette considération de la part des siens.