J'ai fais une découverte par accident. Comme tu sais, comme toi, je partage ma bouffe avec Sana, chaque repas, diner et souper en fait. On partage le même espace, on mange en tête-à-tête. On est tous les 2 sur le futon, étendus dans la même position sensiblement. L'assiette est au milieu. Ce rituel est très important pour elle, je crois que c'est son rituel favoris.
Mais arrivé au dessert, dernièrement, je me suis mis à me préoccuper de ses dents, alors j'ai du prendre la douloureuse décision de cesser de lui donner du dessert. Bon, on fait ça comment Kainaté?
Ma façon: "Sana, je sais qu'on a toujours tout partagé, mais là tu vois je développe un inconfort. Je pense que le dessert, c'est pas bon pour tes dents. Comme je ne te brosse pas les dents et je m'en excuse..." (évidemment elle ne pige absolument rien, mais j'ai un tas de petites têtes qui penchent, elle est attentive) "... je crois que désormais on évitera le dessert au moins jusqu'à ce que je les brosses, car vraiment, c'est pas bon pour tes dents".
Ensuite, j'ai mangé. Donc, le p- arrive là. Mais avant, tout ça, c'est quoi tout ce charabia? Un marqueur, qui annonce, qui explique... J'ai bien sur répété le petit rituel, toujours sur une même intonation. Rapidement, elle s'est montrée très coopérative, avec des expressions du genre "oui ok sans rancune". Elle se couche, elle ne s'éloigne pas. Plus jeune, quand je lui refusais des choses, elle sentait le besoin de sortir. Elle demandait la porte. Là, pas du tout...
Mais la découverte absolument fascinante, c'est qu'elle a "intériorisé" la règle. Dès que je prends soi un bol de crème glacée, ou une pointe de tarte, juste ces 2 aliments, elle n'insiste pas.
Ce serait trop long de vous exposer ce que signifie intégrer une règle. Mais citons en exemple les mordillements. La plupart des chiens intériorisent cette règle. C'est un peu comme s'ils la "comprennaient", tellement ils l'acceptent. Chez l'humain, on doit tenter d'inspirer un jeune à intérioriser les règles, de ce fait, il apprend à les accepter au point de presque les aimer, cetains iront jusqu'à les faire respecter d'une façon ou d'une autre.
Dès que je sors un dessert, elle pose son menton sur ses pattes avant, ne me regarde pas, mais ne m'évite pas. Elle a compris. Donc, elle a conscience de ce qu'elle mange, et elle a conscience de la limite, même si je n'ai jamais espérer qu'elle retienne ça.
Donc, à l'extérieur, dès qu'elle trouve un os, je lui sors ce que les béhavioristes qualifieraient de "marqueur", mais qui s'apparente selon moi bcp plus à une communication toute naturelle, très peu punitive, en raison du ton bienveillant sur lequel elle est systématiquement prononcée.