parce que quand on prend un chien comme compagnon ce n'est pas une démarche égoiste à la base ?
la domestication elle-même est une démarche égoiste ?
La domestication, historiquement, n'est non seulement pas une démarche égoïste mais surtout, elle est à l'initiative des loups eux-mêmes. Du reste, on parle très souvent d'auto-domestication.
Le fait de construire une relation basée uniquement sur l'affect avec son chien est très récent. Et cela est devenu la norme. On profite alors beaucoup moins voire plus du tout des compétences des chiens pour en faire juste des compagnons afin de pallier nos manques affectifs. En cela, oui, le fait de prendre un chien est un acte égoïste.
En tant qu'animal social, le chien n'est pas fait pour vivre seul. Sa relation avec l'homme lui est tout à fait profitable ; nécessaire même.
Dans l'un de ses livres Ray Coppinger écrivait que l'homme ne serait pas menacé par la disparition des chiens. En revanche, l'existence des chiens (dans leur forme actuelle) serait menacée par la disparition de l'homme.
Le chien est donc dépendant de nous pour combler ses besoins. C'est précisément ce qui le pousse à créer un fort lien d'attachement. Et c'est parfait puisque cela servira aussi à combler nos propres manques.
On a alors tendance à estimer, un peu à la légère, que cet attachement du chien est un signe suffisant à témoigner de son bien-être. Dans les faits, c'est très différent.
Éthologiquement, avant qu'on puisse parler de bien-être chez le chien, il faudra que celui-ci ait comblé ses besoins vitaux, puis ses besoins instinctifs, puis ses besoins sociaux et psychologiques. Et on ne peut objectivement pas imaginer qu'une très longue absence puisse participer à combler ses besoins sociaux et psychologiques.
Si on cumule une absence de 8h dans la journée avec une moyenne de 8h d'inactivité pendant la nuit, on constate que le chien ne pourra être réellement actif qu'un tiers de la journée. Cela n'a rien de suffisant pour combler ses besoins. De la même manière que lui proposer des repas qui vont durer 30 secondes ou une minute, le temps qu'il engloutisse littéralement ses croquettes, n'est pas suffisant pour combler son besoin d'activité alimentaire et lui permettre de déclencher naturellement la phase d'arrêt en ressentant la satiété.
Certaines personnes qui travaillent à l'extérieur toute la journée rentrent le midi. D'autres font appel aux voisins, amis ou à la famille pour s'occuper un peu du chien. Et certains, plus rares, arrivent même à emmener leur chien sur leur lieu de travail. Je ne dis pas que c'est facile. Bien au contraire, c'est même très contraignant. Mais avoir un chien c'est aussi ça : des contraintes.
Et si aucune de ces solutions ne peut être envisagée, alors il m'apparaît que la relation que l'on propose à son chien n'est pas très avantageuse pour lui. Mais voilà, parce que c'est aussi dans sa nature, le chien ne vous reprochera jamais rien.