La dominance chez le chien – Débat ouvert !

Flip-Cockwood
Flip-Cockwood

Bonjour à tous,

J’ouvre ce débat car je m’aperçois au fil des lectures sur ce blog, que la plus part des gens ont des notions de la dominance qui divergent.

Certains n’y croient pas du tout, d’autres l’associent à l’agressivité, d’autres pensent que c’est un trait de caractère visible dès les premiers jours et il y a ceux qui l’associent à l’autorité et la position hiérarchique au sein du groupe, plaçant le dominant en leader de meute.

Nous connaissons à peu près tous les études des années 40 faites sur les loups en milieux plus ou moins captifs et qui ont mené aux premières conclusions de rapport hiérarchiques. Nous savons aussi que le contexte de ces études ont biaisées les observations et que d’autres études sont venues contre-argumenter, avec de nouvelles conclusions sur les relations hiérarchiques en milieu naturel. Il n’en reste pas moins que le loup vit sur un modèle hiérarchique linéaire, indispensable à la survie des membres en milieu sauvage.

Bien que chez les chiens sauvages, un rapport hiérarchique ait également été observé, nous savons aussi que le milieu dans lequel évoluent nos chiens n’est pas comparable et que les comportements chiens sauvages / chiens domestiques ne peuvent être mis en relation.

Les études récentes faites sur les chiens privés du contact humain montrent des conclusions différentes selon les environnements et situations et ne peuvent donc établir un modèle de fonctionnement social définitif. Il est en revanche observé que les interactions sociales du chien se font de manière dyadique. Tandis que chez les loups le concept de hiérarchie est lié au concept de dominance, elle même établit par l’accès à certaines privilèges.

" Ce que je sais, c’est que je ne sais rien. "
31 réponses
Kainate
Kainate

Pour ce qui est de l'utilisation des terme dominant/soumis en tant que trait de caractère...

Bien sûr, les termes sont mal choisis, et devraient être réservés au fait de qualifier une interaction entre 2 individus.

Mais enfin... tout le monde se comprend, c'est l'important.

On peut remplacer "dominant" par "arrogant" ou même, tiens ? "dominateur", tout simplement.

Peu importe, l’essentiel c'est qu'on se comprenne, qu'on sache exactement de quoi on parle.

Ce dont on parle, c'est d'un chien qui aurait tendance à vouloir systématiquement imposer sa domination, sans qu'il y ait nécessairement de ressources en jeu. Le fait d'être au dessus, pour ces chiens, est une motivation en soi.

Par chez moi, tous les huskies entiers arrivés à maturité sexuelle approchent les chiens inconnus avec une attitude très "guerrière" : tête haute, regard fixe et perçant, poil hérissé, torse bombée, queue tenue bien droite. Ils semblent incapables d'une autre approche. Ces chiens cherchent systématiquement à imposer leur domination, d'entrée de jeu, à des chiens inconnus. Ils sont dominants/dominateurs.

Ils ne sont pas mal codés ou je ne sais quoi. Ils veulent dominer, de la même façon qu'un chien de berger veut troupeauter, et un beagle pister. C'est leur dada dans la vie.

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Kainate
Kainate

A côté de ça, la majorité des goldens adultes que je connais approchent les autres avec une attitude "d'apaisement". Posture mi haute, trot lent, regard en biais, doux gémissement. "Je viens en paix". Ils ne sont pas dans une histoire de dominance (mais pas de soumission non plus !). Ils indiquent juste qu'ils veulent se présenter, faire connaissance, en mettant ces histoires de conflit hiérarchiques de côté.

A l'extrême opposé, j'ai une petite bretonne par chez moi, qui se jette littéralement devant les autres chiens, les 4 fers en l'air, et cherchent à leur lécher la gueule frénétiquement, avec une telle obsession que ça finit par agacer les chiens en face. Non elle n'est pas juste "peureuse". Elle n'est même pas peureuse du tout, et est capable de suivre un chien qui lui grogne dessus d'agacement en lui léchant la gueule. C'est une soumise, une soumise compulsive. Une chienne qui a un tel besoin affiliatif qu'elle est prête à supporter les pires sévices de l'autre pour un regard. Ca me fait penser au trouble de personnalité qu'on nomme "dépendance affectif" chez l'humain, vous savez, le profit type qui s'entiche d'un "pervers narcissique".

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Kainate
Kainate

Par contre, ce qui serait une erreur, c'est de penser que tous les chiens doivent être qualifiés de "dominant" ou "soumis". La plupart d'entre eux sont entre les 2, enfin ni l'un ni l'autre. Ils sont capables de faire preuve de dominance ou soumission si le contexte l'exige (protéger une ressource, mettre fin à un conflit), mais ne sont pas intéressés par le fait de définir des statut hiérarchiques "d'entrée de jeu". Si le contexte ne l'exige pas (pas de ressource à défendre, etc), ils préféreront nettement éviter tout conflit, éviter d'avoir à définir des statuts hiérarchiques, et seront dans l’apaisement ou vivront leur vie dans leur coin.

Au parc à chiens, à 17h, avec son casting habituel, on serait bien embêtés pour "classer" les chiens selon leur "dominance". La plupart sont neutres, ne se sont jamais confrontés aux autres et vivent leur vie sans se préoccuper de cela. Donc t'as le beagle qui piste et cherche à se barrer du parc. T'as Léon qui joue à la balle en mode toqué. La petite american bully et le grand matin espagnol qui jouent ensemble comme des gamins, le matin espagnol faisant bien attention à ne pas écraser sa partenaire de jeu minuscule. T'as le sheltie qui tourne autour des 2 autres en aboyant dans les aigus (il troupeaute). Et t'as Basile qui se balade tranquillement au milieu de tout ça, un grand sourire niais à la gueule, en ayant l'air de chanter "là là là là". Il y a pas de dominant/soumis là. Par contre si on mettait soudainement une grosse carcasse de boeuf par fraiche au milieu de tout ce beau monde, je suis sûre qu'on verrait rapidement des comportements de dominance/soumission apparaître.

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Utilisateur anonyme
Utilisateur anonyme

"Tu as des chiens ? Tu as un parc ? Bon, ben les réponses sont sous ton nez :-)" Tout à fait :) Je crois qu'à un moment faut un peu quitter la théorie et observer. Honnêtement aucune des personnes que je connais qui passe sa vie au parc à chiens ou est tout le temps en balade canine ne nie l'existence de rapports de dominance/soumission entre les chiens. L'erreur serait de vouloir expliquer toutes les interactions canines avec ces seuls concepts. Mais vouloir tenter d'éviter à tout prix d'utiliser ces concepts pour expliquer les rapports entre les chiens, comme je vois beaucoup de "positifs" le faire en est une aussi.

Mais le pire c'est qu'à mon avis, cette discorde est fondée sur un sombre malentendu ^^

La notion de dominance s'est retrouvée, au fil du temps et de raccourcis collectifs comme il s'en produit dans tous les domaines vulgarisés, à traîner des casseroles qui ne lui appartiennent pas.

Il y a confusion entre rapports de dominance et comportements pathologiques :

Certains tableaux pathologiques peuvent s'exprimer, entre autres, par des comportements qui relèvent de la dominance (d'un point de vue éthologique, donc ce qu'on observe tout simplement). Mais il est totalement absurde en revanche de réduire un spectre comportemental à ses manifestations pathologiques ^^

C'est l'erreur qu'on a fait pendant des années : faire de l'adjectif "dominant" une étiquette pour des cas pathologiques.

Un chien problématique qui cartonne aveuglément tout ce qui bouge, il aura beau présenter des postures qui relèvent de la dominance, son problème est en majorité ailleurs... une incapacité à communiquer pour X raison (carence sociale, traumatisme, réflexes acquis, etc.), une agressivité liée à un contexte particulier, etc.

On sort du champ des rapports de dominance tout à fait banals et sains qu'on observe dans n'importe quel groupe de chiens.

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Utilisateur anonyme
Utilisateur anonyme

L'autre domaine où le bat blesse, c'est celui des rapports homme-chien.

Ce que j'en pense : est-ce qu'un hominidé peut répliquer à 100% la palette comportementale d'un canidé ? Bien sûr que non.

Est-ce qu'il peut en répliquer une partie, et parvenir à une communication naturelle (donc hors conditionnement) dans certains domaines ? Bien sûr que oui.

Si on parle de "coévolution" pour l'homme et le chien, ce n'est pas pour faire joli :-)

Nos deux espèces ont développé des synergies totalement hallucinantes au fil des millénaires, bien avant qu'on publie le moindre bouquin.

Il y a beaucoup de similitudes dans notre communication posturale (et cela s'applique à bien d'autres espèces d'ailleurs). Se faire "gros" pour impressionner et petit pour apaiser/passer inaperçu, utiliser les graves pour menacer et les aigus pour alerter, faire face pour s'opposer, contourner pour éviter, protéger ses organes vitaux en présence d'une menace et les exposer quand on est en confiance, etc. etc.

Donc oui, on peut avoir des interactions qui tombent dans ce spectre, entre homme et chien.

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Flip-Cockwood
Flip-Cockwood

Hello,

@Lorna : je pense que tu touches le vrai problème en fait quand tu dis que ce terme s'est employé à toutes les sauces. Kainate et Rose aussi touche des points intéressants.

En fait pour moi tout ce qu'on rapporte un peu en raccourci à la dominance, peut en fait être dans la majorité des cas dissocié.

Obéissance n'est pas soumission, agressivité n'est pas dominance, des attitudes pouvant paraître comme de la dominance sont parfois simplement de la communication. Dominance n'est pas forcément leadership. Et parfois il y a juste des comportements qui relèvent du trouble du comportement.

Et Rose a raison, cela dépend beaucoup aussi de notre capacité d'analyse. En fait, chaque comportement est à analyser dans un contexte précis. Et on peut en tirer différentes conclusions à chaque fois.

Après @Caroline : ton point sur la hiérarchie verticale tu vois, je pense qu'il est en effet juste lorsqu'on parle des chiens. Cela rejoint d'ailleurs les observations faîtes sur des groupes de chiens errant en Italie ou ailleurs... Mais je ne suis pas certaine que dans un autre contexte, cette hiérarchie ne puisse se créer naturellement. En fait je crois que la hiérarchie verticale à lieu d'être lorsque la survie du groupe en dépend. Et si elle n'a plus vraiment lieu d'être pour nos chiens, elle est en revanche nécessaire pour nous humain. Car aucune famille / maître, ne pourrait vivre en harmonie ou heureux si nous ne gardions pas une certaine place, elle même liée à des privilèges que nous refusons à nos chiens. Ceci établit forcément une hiérarchie verticale. D'ailleurs tu vois, le post de Leelee parlait de sociopathie. Hors, lorsque tu regardes à quoi est liée cette pathologie, tous les points pourraient facilement être associés aux privilèges des dominants (les nôtres !). Je pense donc que le hiérarchie verticale existe entre homme-chien et je crois aussi qu'elle est nécessaire pour garder un certain équilibre dans nos groupes sociaux inter spécifique.

Je déplore toujours qu'on ne parle pas plus du comportement naturel du chien avec les hommes. Je pense que sont deux sujets à part entière... Et comme disait Lorna il y a une co-évolution qui est trop peu prise en compte selon moi.

" Ce que je sais, c’est que je ne sais rien. "
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Balista
Balista

Discussion très intéressante, surtout pour moi la néophyte.

Les exemples donnés par Kainate me font soudainement douter: ma duduche de Pin-Up serait-elle une dominante?

Son approche vers les autres chiens est très souvent la même: corps raide, poils hérissés, queue bien tendue... vu qu’elle n’a jamais grogné, ni montré les dents (et encore moins attaqué), ni même aboyé sur un autre chien, je pensais plutôt à une certaine émotivité, surtout que si l’autre chien semble partant pour une partie de jeu endiablée, nul besoin de lui répéter 2 fois...😁

Ah oui, les jeux quand j’y repense: elle cherche souvent à choper l’autre au cou et sur un malentendu, à le retourner pour se placer au-dessus. Par contre, a contrario, j’avais bien remarqué qu’il était hors de question pour elle de se faire retourner ( quitte à se tortiller dans tous les sens, à sauter pour esquiver, jamais je ne l’ai vue « en dessous »).

Toutefois, jamais ces « jeux » n’ont mal tourné, jamais de vraie bagarre, de vraies morsures. Et quand elle tombe sur un « plus fort qu’elle » (soit un qui dégage une très grande assurance ou un plus retord qu’elle), elle préfère l’ignorer. Finis les jeux alors avec lui, elle le snobe littéralement.

Devant les vrais agressifs par contre (ceux qui grognent ou qui font mine de la gniaquer à peine 2 secondes après s’être renifler le bout du museau), elle se tapit puis se barre fissa.

La gestion des ressources, elle s’en fout par contre. C’est limite elle qui se fait toujours avoir (on lui vole son beau bâton, on lui pique une croquette qui lui était destinée: elle bronche pas).

Alors, dominante ou jeune arrogante qui se cherche (et qui va finir par trouver la « vraie » bagarre? ).

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Caroline-Eg
Caroline-Eg

Flip-Coockwood, en fait j'entend surtout dans le sens numéro 1, 2, 3 sans que les places ne s'intervertissent jamais, après il y en a toujours un dans le groupe qui est plus bourru que les autres. Il y a un groupe de 6 chiens chez ma mère, son mâle en a rien à faire des interactions canines, il vieillit et ignore juste les chiens qui le laissent tranquille, le croisé husky le soir au moment du repas aboie sur les autres chiens car il s'est plusieurs fois pris la tête avec le croisé beauceron qui lui piquait sa gamelle une manière de prévenir qu'on lui viennent en aide je suppose, un petit grogne sur les autres chiens et refuse de se faire approcher, la femelle croisé griffon est plutôt dans l'ignorance des rapports canins aussi. Les 2 seuls qui jouent réellement ensemble et se prennent parfois la tête c'est le croisé beauceron et staff/créole, ils jouent ensemble, mais parfois il y a un peu des rapports de force.

C'est la question que je me pose, peut-on établir une hiérarchie verticale avec ce type de relations ? Je pense que la réponse est "non" pour moi. Les 2 plus jeunes ont des interactions sociales parfois un peu musclée ou au contraire très dans le jeu mais c'est tout. Ils laissent les autres chiens tranquilles. Difficile d'établir quoi que ce soit là dedans.

Après les chiens ne forment pas toujours des groupes homogènes, ils arrivent souvent de voir un chien avec un compagnon, un nouveau le soir même etc. c'est beaucoup plus fluide que dans une meutes de loup, sauf pour ceux qui créés des liens particuliers.

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Caroline-Eg
Caroline-Eg

Après si on mettait des chiens dans la nature pendant 30 ans, les plus forts survivraient et ceux capable de former des groupes sociaux homogènes seraient les grands gagnants de l'histoire, mais on est très loin d'être là. Surtout que la plupart des chiens errants ne se trouvent pas en pleine jungle avec des proies mais en ville en train de manger les poubelles, et leur moyen de survivre c'est les détritus que l'Homme laisse derrière lui ou les touristes. Est-ce que les grands gagnants de l'histoire serait les chiens cherchant à dominer les autres lors de l'approche frontale ? J'ai de sérieux doute là dessus.

Après il y a souvent la confusion entre un chien faisant preuve de dominance et le chien qui serait "le chef". On a tous vu ce chien rassemblait tous les jouets et que personne n'ose lui piquer, ou se chien boire dans une gamelle et tout le monde attend tranquillement, le chien qui justement n'a pas besoin de faire un numéro quelconque pour que tous les autres chiens le respecte et ne se fait jamais embêté. C'est rarement le chien se voulant "dominant" qui arrive à cela.

Dans les milieux traditionnels, on a même tendance à conforter les chiens qui testent dans une position supérieure alors qu'au final c'est sans doute ceux qui ont le moins de leader ship.

Pour reprendre l'exemple du groupe de 6 chiens de ma mère, le seul qui ne se fera jamais piquer sa gamelle c'est son malinois de 10 ans, et jamais je ne l'ai vu grogner, ou cherchait à dominer les autres chiens, ni même défendre sa gamelle. Juste les autres chiens respectent cela naturellement. Et niveau rapport de domination on a vu mieux, ce chien s'exprime en poussant des bruits aigus 90% du temps.

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Caroline-Eg
Caroline-Eg

Balista si on arrive à mettre ma chienne sur le dos pendant un jeu, je souhaite bonne chance au chien, c'est impossible. Pour elle s'est réellement une position de faiblesse, elle ne le fera que si un chien se montre menaçant, mais dans le jeu elle mord le cou et est toujours en hauteur. A contrario mon mâle est toujours sur le dos à mordiller les pattes et à avoir la tête de ma chienne dans sa gueule. Par contre je ne l'ai jamais vu sur le dos face à un chien qui voudrait le mettre dans cette position dans un autre contexte que le jeu.

Kainate perso j'ai exactement l'effet inverse, ma chienne a un réellement problème avec les retrievers, la plupart qu'on rencontre sont sympathiques mais chouine et te fonce dessus sans respect des codes canins, chaque fois elle se met en retrait et quand elle en croise un qui chouine à distance elle reste collé à moi et ne veut pas s'approcher, mon chien adore cela par contre. A contrario elle adore les chiens qui sont plus calmes dans leurs approchent et ce sont souvent des molosses ou quelques akitas qu'on croise. Elle s'entend avec les chiens dont beaucoup de gens ont peur par contre les chiens réputaient trop sociables elle préfère s'en écarter et elle s'est fait plusieurs fois foncés dessus par des goldens ou labradors qui voulaient joués mais qui arrivent comme des bulldozers sans respecter les notions de distances, de regard au loin, d'approche sur le côté etc. Ses meilleurs copains en dehors des petits chiens sont souvent les staffs.

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