En mai de l’année suivante, cela faisait deux semaines qu'Orionne pouvait plus bouger de son tapis et deux jours qu'il ne se nourrissait même plus. Il se faisait dessus, il y avait du sang dans ses crottes. Ma grand-mère pensait qu'il avait un cancer de l'intestin. Mais il y a très longtemps que le coeur flanchait, aussi.
Le 10 mai, quand je suis revenue de vacances en suisse, il n'est même pas venu me voir, la première fois de sa vie qu'il ne m’accueillait pas à la porte.
il a fait deux petits pas le 11 mai, ma soeur l'a porté sur l'herbe du jardin où il a dormi un peu avant d'être rentré car la pluie menaçait.
Il a passé le reste du temps à dormir.
Le dimanche 12 mai au matin, j'ai essayé de le nourrir à la petite cuillère, il "tournait" la tête et ne desserait pas les crocs.
Il a tremblé une ou deux fois de partout, puis son coeur s'est mit à battre par intermittences.
J'avais la main sur sa poitrine, quelques battements lents, puis plus rien, puis de nouveau quelques battements, puis plus rien... Je lui parlais peu, n'y arrivant pas, je tirai ses poils pour voir s'il bougeait... Aucune réaction ! Ni cri, ni mouvement, ni clignement d'oeil, ni frémissement... Le néant !
Je ne sentais plus sa respiration, juste une fois, une inspiration plus forte.
cela a duré environ demi-heure, j'étais à côté de lui, je suis restée près de lui pendant qu'il mourrait, pendant que les autres (mes grands parents, ma sœur, mon beau frère et mon frère) allaient petit-déjeuner, je suis restée avec lui jusqu'au bout.
A 10 h 00, son coeur a battu deux fois, deux coups lents et lourds, puis plus rien, c'était fini. J’ai senti la vie quitter son corps tel un courant d’air
Grand-père (ancien médecin) a posé sa main sur la poitrine d'Orion, a confirmé le décès et m'a aidé à me relever.
J'ai pris un bain. Pendant ce temps, ils sortaient le corps de la véranda parce qu'il commençait vraiment à sentir mauvais. Mon frère et mon beau frère ont creusé une tombe derrière les buissons, à l'avant du jardin de mes parents.
J'ai ensuite fait circuler une feuille sur laquelle on a tous écrit un dernier hommage. Grand-père a d'ailleurs hésité à signer "arrière grand-père" !
j'ai porté le corps avec ma soeur pour le placer dans la tombe, j'ai placé la feuille sur lui, on a rentré un peu ses pattes. Ensuite, mon frère et mon beau-frère ont remit la terre et aplani l'endroit.
j'ai eu une semaine de déprime où je restais couchée dès que je ne travaillais pas, ne me nourrissais quasi plus et ne parlais à personne et ai songé au suicide jusqu'à ce que le mail d'une connaissance en suisse me convainque que la vie en valait encore la peine d'être vécue même si Orion n'en faisait plus partie