J'ai eu trois chiens en FA, c'est que dalle... pourtant je sentais déjà poindre une petite lassitude à la dernière adoption. Quand il a fallu une fois de plus confirmer que oui, c'est normal qu'un chien qui vient de changer de maison chouine un peu, c'est normal qu'un chiot ne puisse pas rester couché derrière un bar toute la journée le lendemain de son adoption, c'est normal ceci et c'est normal cela, bref, vous avez un chien ^^
(et oui, quand on est éduc, on commence souvent par expliquer aux gens qu'ils ont un chien, rien que ça)
Quand j'imagine le nombre de fois où un éduc doit répéter ce genre de choses à ses clients, ça me fait un peu frémir. J'admire beaucoup ça, mais mon Dieu, je sais pas si j'aurai le mental à long terme.
Quand on est éduc/comportementaliste, on ne passe pas son temps à bosser avec des passionnés avertis, sur des chantiers hyper épanouissants, à rentrer chez soi avec le sentiment génial d'avoir vraiment avancé pour amener un peu d'harmonie dans les relations, contribuer au mieux-être de tous, etc.
C'est vachement plus mitigé que ça.
Dans ce type de métier, on est sans arrêt dans le compromis, on essaie de joindre les deux bouts entre les exigences des clients et la réalité du chantier.
On voit défiler des "mismatch" à la pelle (des gens et des chiens pas compatibles à la base), et on peut pas tout remettre en question à chaque fois... non, on essaie plutôt de rafistoler comme on peut, de trouver un petit terrain d'entente pour que la cohabitation se passe à peu près bien.
Bref, la réalité du métier est assez loin des idéaux qu'on peut avoir au départ, et purée... il faut vraiment aimer les gens, beaucoup. Parce que des trucs horribles on en voit.
Le plus dingue avec mon éduc, c'est qu'il bosse aussi dans la protection ! Il est bénévole SPA depuis des années, on vient lui demander son avis sur les éventuelles euthanasies et tout ce bordel.
Je sais pas si vous imaginez, école du chiot le matin et sauvetage de chiens sur liste rouge l'après-midi ?
Voir le revers de la médaille, ça doit piquer. Tu vois toute la chaîne défiler, le chiot fraîchement acheté, les invendus, les bousillés, les vieux... et tu entends des trucs comme tu peux pas imaginer. À un moment ya plus de filtre quoi, tu prend tout ça dans la tronche, faut pas mal encaisser. Et tous les matins faut repartir au charbon avec le sourire.
Bon, ça c'est si tu décides de vraiment t'atteler au vrai chantier bien sûr.
Il y a aussi la possibilité de rester côté Bisounours en ne faisant que du chiot ou du conseil basique, comme l'ont fait beaucoup de néo-éducateurs ces dernières années.
Moi honnêtement, je suis sociable, j'adore les gens. Mais il y a des trucs que j'ai trop de mal à encaisser pour espérer un jour faire ce métier.