Prêt pour un débat? On dresse un chien ou on l'éduque?

Energiesolaire
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Je suis tombé sur un texte de Michel Chanton

http://www.michel-chanton-ethologiste.com/qu-est-ce-qu-un-comportementaliste/les-activite-du-comportementaliste/les-metiers-autour-du-chien-qui-fait-quoi

Voir la définition d'Éducateur. Sa position m'a choqué, je lui ai écrit un email long comme ça.

Est-ce vraiment nécessaire, selon vous, de parler une des langues humaines officielles, pour s'inscrire dans une dynamique d'éducation. Et appliqué au chien domestique, ce compagnon qui partage nos foyers, est-ce que dressage et éducation sont synonymes?

75 réponses
Caroline-Eg
Caroline-Eg

Personnellement ses avis tranchés ont fait que même si on apprend beaucoup avec lui, j'ai personnellement beaucoup de mal, je le reconnais.

L'utilisation des mots est important certe, surtout quand on doit employer des termes qui n'ont pas de définition plus simple. Je suis sûr que beaucoup de personnes ont été en renforcement positif pendant des années sans savoir qu'il l'était.

Mais pourquoi une personne vient voir un comportementaliste ou un éducateur ? Pour avant tout régler le problème d'un chien. On peut discuter des heures de la socialisation, sociabilisation, hormones et j'en passe, on peut publier des articles dessus. N'empêche que la personne qui vient consulter, consulte pour qu'on lui règle son problème pas pour qu'on fasse forcément un cour d'éthologie, bien qu'il est toujours interessant de le savoir pour sa culture personnelle.

Par contre tenir de tels propos peut mettre en porte à faux certaines personnes, qui n'ont pas peut être fait bac +8 ou j'en passe, mais qui ont tout de même étudié ou appris pour certains la façon de régler les problèmes que peuvent rencontrer un animal.

Je vois pas l'intérêt en plus d'insister sur ces mots, pour après parler de positif, car la plupart des personnes qui emploit le mot dressage sont justement rarement en positif. Après le mot éducation n'a pas une valeur de sens pour les gens je pense, il a une valeur "éthique" , on a voulu se démarquer de la mauvaise conotation du mot "dressage" des dernières années, qui est plus associé justement aux animaux de cirques, aux zoos, aux aquariums, auquel on a vu des reportages ces dernières années qui n'ont pas toujours eu une bonne vision.

Et je suis une personne lambda, pour moi dressage est plus vu dans le sens de "dompter" comme si on avait à faire à un animal sauvage et le mot éduquer au mot "orienter, apprendre", car on va plus se servir de dressage dans le language courant pour un animal sauvage de cirque et de l'éducation pour un enfant.

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Caroline-Eg
Caroline-Eg

Je sais que niveau définition éthologique je suis sans doute à côté de la plaque, néanmoins je pense qu'il faut comprendre pourquoi aussi ces dernières années on a préféré le mot d'éducateur au mot dresseur, il y a aussi une histoire derrière cela et une origine, et on ne peut pas classer les gens derrière un mot, et non selon ce qu'ils font réellement.

Après personnellement j'en ai rien à faire d'éducateur ou dresseur, par contre j'attache beaucoup d'importance à ce que la personne est, quelle est sa méthode et sa vision pour vivre serainement avec un chien, le voir heureux, et cela ne s'arrête pas derrière un mot pour moi.

Après c'est sans doute quelqu'un de très bien mais il laisse transparaître dans ses écrits je trouve, une impression génante de communauté, d'un cercle fermé qui me gêne beaucoup, c'est la même impression que j'ai quand je fréquente le monde la PA, auquel je suis pourtant rataché malgré moi mais dont je n'ai pas envie de faire parti, car j'ai tendance à placer la compréhension humaine et de l'autre avant l'animal, pas dans le sens ou cela serait plus important, mais que si on veut régler un problème avec l'animal domestique on a besoin de l'être humain, donc au lieu de se dénigrer ou de juger apprennons des uns et des autres c'est beaucoup plus sympa, même si on arrive pas à un accord au final.

Après ces années ou je me battais pour la petite appelation me rappelle plus moi il y a quelques années, au final c'est en étant plus cool avec les gens, qu'on créé des dialogues interessants.

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Energiesolaire
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Je sais que niveau définition éthologique je suis sans doute à côté de la plaque, néanmoins je pense qu'il faut comprendre pourquoi aussi ces dernières années on a préféré le mot d'éducateur au mot dresseur, il y a aussi une histoire derrière cela et une origine, et on ne peut pas classer les gens derrière un mot, et non selon ce qu'ils font réellement.

Personnellement, après 24h de réflexion, voici ma conclusion:

Je distingue une différence très nette entre dressage (qui s'inscrit surtout dans une relation humain/animal dans le but de rendre cet animal docile), et éducation. Il est important de bien expliquer au lecteur. Et en cela, je trouve que mr. Marku fait un bien meilleur boulot.

Le terme éducation, selon mon scheme de valeurs s'applique à 100% à la transmission de connaissance inter-spécifique, et ce au 1er degré. Il n'y a aucune violation sémantique. Évidemment, on est dans des limites beaucoup plus restrintes, quoi qu'on peut débattre de ça aussi. Où se trouve la limite. enfin...

Sur le plan sémantique, le dressage est limité. Ces temps ci je m'intéresse à la notion d'enseigner le partage entre chiens. Encore ce midi, superbe progression de chiens normalement agressifs en situation de compétition. Je désire leur faire découvrir une toute nouvelle perspective. Et si leur intérêt était de diminuer un peu l'intensité, et de se laisser habiter par une paix, ne ressentir que du bonheur du plaisir à jouer.

Et ça, oui d'un point-de-vue extérieur, ça peut sembler être du dressage. Mais de mon fort intérieur, et j'improvise dans tout ça. Mes contacts avec les chiens sont instinctifs. Et oui parfois je m'impose, je communique avec eux. Mais j'éduque... Je transmets des valeurs, je ne leur enseigne rien. Ils savent jouer. Ils connaissent les règles. Ils ne savent pas toujours se comporter.

Par ça, ils apprennent le partage, et le pardon. Car oui il y a des petites pointes d'intensité.

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Energiesolaire
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Un autre exemple entièrement différent. J'ai enseigné à mes 2 animaux à être bien ensenble. Et là y a au moins 5 ou 6 éléments pris et enseignés individuellement, qui lorsque combinées créée un état. Ce planning là, et le but aussi, c'est de l'éducation, pas du dressage. Clairement.

Maintenant il appartient à chacun de définir le genre de connection qu'il souhaite avec son animal. J'ai parlé de mon pote qui laisse se promener son Dob seul, qui le bat de temps en temps. C'est mon pote et son chien est un bon chien. Je ne le juge pas. Lui le dresse même pas. Il l'éduque à coups de points de temps en temps, aussi simple que ça.

Et ne vous trompez pas. Les ramifications sont profondes, et importantes. Songez à l'aspect éthique derrière "le dressage?" ou l'éucation des chiens guides.

Oh non je vous assure. Je ne suis pas un expert en sémantique, mais je compte bien gratter un peu sur le schème de valeurs que propose, ou suggère devrais-je dire ce concept. Et si il y a en effet du postif tel que tu le suggère, les comportementalistes doivent immédiatment mieux définir ces choses, pour possiblement inspirer du changement profond dans la façon de préparer ces chiens à la vie. Doivent-ils être dressés, ou éduqués.

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Docline
Docline

j'éduque... Je transmets des valeurs, je ne leur enseigne rien. Ils savent jouer. Ils connaissent les règles. Ils ne savent pas toujours se comporter.

Par ça, ils apprennent le partage, et le pardon.

Euh...

Ils vont peut-être découvrir un vrai bénéfice à jouer en bonne entente, mais de là à parler de "valeurs", il y a une marge.

"éduquer", ça pourrait être : amener à choisir un meilleur comportement, et pas uniquement réagir comme après Pavlov, mais si on l'obtient ça sera toujours parce qu'il y a là un vrai intérêt, et pas par acquisition d'un semblant de sens moral ...

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Energiesolaire
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j'éduque... Je transmets des valeurs, je ne leur enseigne rien. Ils savent jouer. Ils connaissent les règles. Ils ne savent pas toujours se comporter.

Par ça, ils apprennent le partage, et le pardon.

Euh...

Ils vont peut-être découvrir un vrai bénéfice à jouer en bonne entente, mais de là à parler de "valeurs", il y a une marge.

"éduquer", ça pourrait être : amener à choisir un meilleur comportement, et pas uniquement réagir comme après Pavlov, mais si on l'obtient ça sera toujours parce qu'il y a là un vrai intérêt, et pas par acquisition d'un semblant de sens moral ...

Peut-être, mais tout ça est assez complèxe. Car faut s'entendre sur la définition de valeur. La version simple proposée par Larousse serait:

"Ce qui est posé comme vrai, beau, bien, d'un point de vue personnel ou selon les critères d'une société et qui est donné comme un idéal à atteindre, comme quelque chose à défendre : Nous avions des systèmes de valeurs différents."

Or qui dit enseignement, dit transmission, donc émetteur et récepteur. Dans ce cas l'humain émet, le chien reçoit.

Ce qui m'habite comme émetteur, ce qui alimente mes actions ce sont bel et bien des valeurs au sens strict. Maintenant votre réserve, c'est à savoir comment cet enseignement est perçu par l'animal, assumant ses limites.

Dans un texte publiée dans notre revue "L'actualité", l'auteur distingue 2 approches pour percevoir la morale:

1. Du haut vers le bas (donc de l'esprit -->> vers le corps, donc nos actions)

2. Du bas vers le haut (donc de nos actions -->> vers l'esprit)

La description de la 2e approche, beaucoup plus spécifique aux animaux:

"La deuxième approche, qui est issue de la psychologie, des neurosciences et de la biologie, considère que le principal moteur de la morale vient de l’intérieur, des sentiments, de nos tendances à agir de telle façon. La morale est donc construite du bas vers le haut. Dans mes recherches, j’ai constaté que les primates ont des tendances du même type que celles qui fondent nos principes moraux. Cela est également observable chez d’autres mammifères."

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Energiesolaire
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DocLine, le texte que j'ai lu à date, et ayant le plus profondément marqué ma vision de ce qu'est l'éducation du chien domestique est le suivant. C'est une entrée de blogue paru dans un quotidien assez sérieux ici au Québec, et on y trouve le lien vers l'étude scientifique qui inspire cette entrée de blogue:

http://blogues.lapresse.ca/sciences/2014/08/21/le-chien-un-loup-%C2%ABdomestique%C2%BB-ou-%C2%ABdegenere%C2%BB%C2%A0/

Moi, lire ça m'a renversé. Ça m'a inspiré des changements immédiats dans ma façon d'éduquer ma chienne. Le plus important d'entre eux, c'est que je partage à l'heure des repas, même si je lui enseigne également à s'éloigner, et à patienter. Mais je ne fais preuve d'aucune agressivité, ni dans le ton, ni dans l'attitude, pour protéger ma nourriture!!!!!

Ce que ce texte fait ressortir, et il s'appuie sur une des études scientifiques les plus sérieuse, et les plus longues réalisée à propos du chien domestique, c'est que le Loup semble avoir un schème de valeurs beaucoup plus nobles. On parle du loup sauvage, bien des gens sont irrités lorsqu'on compare le loup au chien. Alors pour les faire taire, on peut également inclure le chien sauvage d'afrique du sud. Même chose.

Ces espèces partagent. Ils portent ça en eux. Et non, ils ne le font pas pour "leur intérêt à eux", mais par instinct (on s'entend). Nous, on a le raisonnement, eux l'instinct. Chose certaine. Dans cette étude chez le loup, une des épreuves consiste à servir à l'heure du repas, une seule portion pour 2 individus:

1. Aucun chien n'a partagé. Jamais jamais. Disons que c'est statistiquement significatif ;)

2. Tous les loups ont partagé. Toujours toujours.

Qu'est-ce qui habite le loup, qu'est-ce qui habite le chien sauvage d'afrique du sud, je l'ignore. Mais si on se réfère à la 2e approche à laquelle j'ai référée plus tôt, ce ne serait pas si important. Leurs valeurs, leurs morales, se définissent par leurs actions, et non ce qui motive celles-ci.

Chez le chien sauvage d'afrique du sud, le pecking order est entièrement inversé. Quand les adultes en pleine forme reviennent avec le fruit de leur chasses (on parle du prédateur le plus efficace au monde, avec un taux de succès de 90%):

1. Les bébés mangent en premier

2. Les femelles qui doivent s'occuper d'une portée mangent en second

4. Les chiens âgés qui ne peuvent plus chasser mangent ensuite

5. Finalement, les plus forts, qui pourraient penser à eux en premier, mangent en dernier

Ils ont donc, une morale bien plus noble que celle que démontre nos compagnons de vie. La grosse question serait, pouvons-nous rendre un chien domstique typique (donc protecteur de ses ressources, limite agressif par moment) un peu plus proche de ces espèces plus nobles. J'ai pas de réponse, mais à date j'aime ce que je vois, dans le cadre de mes humbles travaux.

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La littérature anglophone est pas mal plus étoffée. Ce papier ici publié au Washington Post est intéressant:

https://www.washingtonpost.com/national/health-science/in-dogs-play-researchers-see-honesty-and-deceit-perhaps-something-like-morality/2014/05/19/d8367214-ccb3-11e3-95f7-7ecdde72d2ea_story.html?utm_term=.dcbdc64bb682

Ça va pas mal dans le sens de ce que je tente maladroitement d'exprimer. Ma plus grosse découverte à la lecture de ce papier, est de constater que le premier grand nom à "imputer" au "chien domestique" (et non juste à l'animal en général) un certain sens moral, une certaine empathie, serait nul autre que Charles Darwin lui-même. Il a tiré ses conclusions à partir de l'observation de son propre chien.

J'ajouterais, pour nous aider à ne pas nous perdre, que l'enseignement sans contredit le plus important qu'un chiot reçoit d'abord de sa mère, et ensuite de l'humain, c'est le contrôle de sa morsure. Sana ça, un chien est une marche chargée à bloc.

Le chien n'a aucun intérêt pour lui-même à contrôler sa morsure. La mienne n'a eu aucun intérêt à ne pas tuer notre chatte Petrouchka, alors qu'ils jouaient ensemble et que la petite pesait à peine 1kg. Je crois que c'est par sens moral qu'elle ne le fait pas, tout comme c'est pas sens moral (enfin leur morale à eux), que des chiens très puissants peuvent jouer avec nous, ou avec des plus petits, tout en contrôlant leur morsure parfaitement.

J'ai souvent vu ma chienne au début jouer pendant de longues minutes avec ma chatte, gueule ouverte tout le long, sans jamais fermer la mâchoire, de peur de faire un accident. Et lorsqu'elle n'en pouvait plus, elle déviant son excitation sur un objet à proximité.

Alors selon moi, Darwin n'avait pas tort, même si bcp plus de recherche est requise pour bien cadrer tout ça, mettre les bons mots, tracer les limites, etc.

Peut-être quelques mots pour valider ces travaux. On parle d'une semaine d'analyse pour chaque 20min de video. Chaque signal de communication (et ils sont nombreux) est analysé. Parmi les comportements les plus surprenants, on cite le fait pour un groupe de chiens, d'ostraciser un individu qui joue trop rude avec d'autres! On parle aussi de gros chiens puissants qui se couchent sur le dos pour "égaliser" le rapport de force avec un plus faible, etc...

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Energiesolaire
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J'ajouterais peut-être que lorsq'Humeur-de-Chien insiste en affirmant qu'on enseigne pas le contrôle de la morsure en empêchant un chien de mordre (bravo en passant, nos éducateurs/comportementalistes ici au Québec DEVRAIENT prendre des notes), il privilégie alors l'enseignement de valeurs, bien plus qu'un simple conditionnement à ne pas mordre.

Rappelez-vous. le signal est Aillle!! On souhaite ainsi titiller l'empathie de l'animal, qu'il en vienne à comprendre que ça nous fait mal, et qu'il décide de lui même de faire attention. Donc ça va bien au delà du conditionnement, car ça fait appel à l'empathie.

Si tu dis non et que tu flanque une baffe, là c'est de la P+, conditionnement très standard. Mais faire appel à leurs neuronnes miroir, on est à une autre adresse je crois.

Mais bon, comme je mentionnais quelques posts plus haut, à la finale, il revient à chacun de donner le sens qu'il veut, à sa démarche. Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses je crois.

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Utilisateur anonyme
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Si on oublie les terminologies qui peuvent nous diviser, je serais tentée de simplifier beaucoup et de dire uniquement ceci : La relation entre l'humain et le chien, qui partagent leur vies respectives, doit être épanouissante pour chacun.

Ca passe toujours par les mêmes leviers à mon sens : amour, empathie et bienveillance. Le chemin, les méthodes, peuvent différer. Mais au final ce qui me semble compter c'est de réunir les conditions pour que se réalisent les épanouissements respectifs, afin d'être en harmonie.

Je préfère parler d'éducation quand on échange sur des chiots. Le mot dressage ne me parle pas. Mais c'est parce que pour moi ce terme est empreint d'un rapport dominant / dominé. C'est ce à quoi ça me renvoie.

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