Concernant le bouquin d'A.Escaffre, j'en ai lu une bonne partie et je trouve son propos fort pertinent, voire carrément essentiel dans le paysage actuel (sur le conditionnement "bête et méchant" et la bête dépendance sur laquelle trop de gens font reposer leur approche, il a 1000 fois raison !).
J'avoue même que c'est assez jubilatoire à lire par endroits, car tout ça vient valider mes propres observations du quotidien. J'essaie souvent de mettre en garde les maîtres accrocs du jouet ou de la friandise (tâche ardue voire impossible, tant que le maître n'est pas mis face à ses limites par l'expérience directe, cf. chien harceleur compulsif ou autre) sur l'addiction qu'ils créent ainsi chez leur chien, addiction qui finit parfois malheureusement par éclipser la relation (en fait, non seulement elle l'éclipse, mais elle en annule l'utilité même, puisque le maître se satisfait d'avoir un chien "sous contrôle" sans chercher aucune forme de communication véritable, aux fondations profondes et solides).
Je trouve déplorable et bien triste que l'on s'extasie encore devant des vidéos de chiens surexcités, les yeux hagards, totalement obsédés du boudin de mordant ou de l'objet aportable, comme si c'était là l'image même du chien équilibré et "bien éduqué".
La véritable relation homme-chien doit bien évidemment s'enraciner ailleurs que dans les leurres et les subterfuges, et j'avoue que ça me déprime quand je songe que certains ne l'ont pas encore découvert par eux mêmes... (comment est-ce possible en passant ? Je l'ignore, mais ça existe bel et bien)
Finalement, je retrouve dans les écrits d'Escarffe cette distinction dont je parle souvent entre jeu véritable et obéissance/travail. J'ai toujours dit qu'obéir n'était pas jouer, contrôler par une addiction n'est pas jouer.
J'ignore pourquoi cette confusion est si ancrée dans l'univers du chien... Lorsqu'on fait effectuer un parcours à son cheval, on ne dit pourtant pas que son cheval "joue" et on a raison, c'est du bon sens.
Un chien qui joue, c'est un chien qui est dans la détente, dans la simulation. Ça se voit a son attitude, les mouvements sont souples, l'expression est détendue, souvent la gueule est ouverte. Rien n'est figé dans le jeu, le chien passe rapidement d'une attitude a une autre, d'un rôle a un autre dans le groupe, etc.
Les actions de jeu auront peu ou pas de conséquences, alors que les mêmes actions pourraient avoir de lourdes conséquences dans un contexte hors jeu. Comment peut-on encore croire qu'un berger prêt à cartonner quiconque s'approche de sa balle est en train de jouer ? C'est sidérant.
Nous mêmes sommes des mammifères qui apprenons par le jeu, on devrait facilement ressentir cette différence... le jeu c'est assouplir les contours, ne pas se prendre au sérieux. C'est totalement distinct de l'obéissance et du travail.