Ah, encore ce fameux "non"...
Laissons les chiens grogner pour qu'ils puissent s'exprimer (ce avec quoi je suis d'accord) mais ne disons surtout pas "non" à un chien. Ce qui pour moi ne rime à rien.
Dans un système social de cohabitation et d'interactions, il est important que chaque individu puisse s'exprimer, même s'il s'agit d'exprimer sa désapprobation, son inconfort ou un quelconque sentiment de malaise. C'est exactement ce que font les chiens quand ils grognent.
Le mot "non" n'a en lui-même aucune importance. Le chien, lui, entend un son et décrypte toute l'attitude qui va avec. Le but recherché est en général de stopper le chien dans un comportement indésirable voire à risque.
Nous pourrions tout aussi bien dire "super", "youpi", "oui", "bravo", "encore" ce qui importe au final c'est la manière et non le mot.
À l'instar d'un grognement, le mot prononcé n'a pas besoin d'être crié mais sa tonalité doit être grave. Si le mot est prononcé plutôt dans un registre aigu, il y a des chances pour que le chien prenne cela pour une invitation voire un encouragement. Les chiens, comme beaucoup d'autres animaux, sont très réceptifs à ça.
Quand un chien veut faire comprendre à un autre chien qu'il va franchir une limite, il grogne ou aboie dans le registre le plus grave. Et ce mode d'expression est parfaitement nécessaire pour tenter de régler les conflits. À ce titre, le grognement (comme l'aboiement dans certains cas) fait partie des comportements agonistiques.
Le "non" a la même fonction s'il a la même valeur pour le chien. C'est à dire s'il comprend immédiatement qu'il est en train de franchir une limite. Y ajouter une réprimande physique est une faiblesse en plus de brouiller la communication. C'est une faiblesse parce cela traduit que l'ordre donné n'était pas suffisamment efficace ou qu'il était inutile puisque de toutes les façons, il y a eu agression après. Et cela brouille la communication car le chien n'a pas eu la possibilité de répondre favorablement à votre désir de régler le conflit, en arrêtant ce qu'il était en train de faire par exemple. Quel intérêt aurait-il alors d'obéir à un simple "non" ?
Il est aussi primordial, une fois que le chien s'est arrêté, de lui proposer une activité alternative motivante et stimulante. Il a abandonné ce qu'il voulait faire et a donc perdu quelque chose. Il est important qu'il gagne autre chose à la place pour 2 raisons.
D'abord pour être incité à obéir plus facilement s'il est nécessaire de stopper un comportement indésirable. Ensuite, parce que cette notion de gagnant/gagnant (l'homme et le chien) est un socle important de relation sereine et harmonieuse.
Ne pas dire "non" à son chien en partant du principe que c'est une attitude négative, et de ce fait néfaste, c'est placer le débat du point de vue de la morale humaine et non du point de vue de l'éthologie et de la nécessité des comportements agonistiques.