Je crois que j’ai besoin de coucher ici mon désespoir. Il y a deux mois, j’ai perdu une chatte de 18 ans, ma tigrée, mon bébé, ma bichette. Je l’ai nourri au biberon alors qu’elle n’avait pas encore un mois, elle errait seule, tremblotante, dans un jardin abandonné, proche de la dépouille d’un autre chat, probablement sa mère. Avec mon mari, nous avons construit une jolie relation avec elle.
Deux ans après son arrivée, nous avons adopté un chaton: une grosse peluche adorable, une boule de poils grise. Ils ont toujours mangé leurs croquettes ensemble l’un contre l’autre. Puis très vite, je les ai trouvé endormis, séparés par seulement quelques centimètres l’un de l’autre. Lorsque ma petite chatte tigrée avait peur, elle allait se réfugier derrière mon gros chat gris. Et si ma chatte tigrée miaulait, mon matou gris se levait pour la rejoindre pour comprendre ce qui lui arrivait. Ils avaient un lien particulier : proches mais pas autant que des chatons d’une même portée.
Ce second chat gris a créé dès son arrivée chez nous, une relation fusionnelle avec moi: c’était mon chat et j’étais son humain, il m’a choisi. Il se couchait constamment contre moi. Lorsque j’allais sur le canapé, il débarquait de nulle part et venait se serrer contre mes cuisses. Il n’y avait pas une nuit où mes deux grosses boules d’amour ne venaient pas dormir sur mon lit en faisant résonner leurs ronrons dans la couette. Le matin ma tigrée venait dans mon cou pour demander des caresses, des qu’elle me voyait entrouvrir les paupières. Elle posait sa petite tête contre ma joue. C’était notre rituel du réveil. Mon second chat, le gris à lui aussi pris l’habitude de venir partager ce moment à trois et j’avais alors deux boules d’amour, un sous chaque bras à cajoler. Tous les matins, nous traînions ainsi ensemble, prolongeant ce moment magique pour bien commencer nos journées.
Les années ont passées, j’appréhendais la perte de ma tigrée car je la voyais vieillir, elle était percluse d’arthrose et marchait certains jours avec difficultés. Puis ce que je redoutais est arrivé en janvier 2024. Cela a commencé par une simple cystite dont elle a très bien guérit. Ses examens étaient parfaits, elle n’avait aucun problème de rein, ni aucun autre souci de santé. Mais son infection urinaire a récidivé. Elle a eu un traitement antibiotique. Et elle a commencé à vomir plusieurs fois dans la même journée après ses repas. Je l’ai amené de nouveau chez le vétérinaire, et cette fois, sa prise de sang a pour la première fois montré un problème d’insuffisance rénale grave. Elle a été hospitalisée 3 jours avec réhydration. Elle semblait en forme a chaque visite. Elle mangeait avec appétit. Nous étions confiants. Mais de retour chez nous, elle n’a plus jamais été la même. Elle paraissait vieille, fatiguée, usée par son séjour à la clinique vétérinaire. Elle m’a donné l’impression d’avoir tout donné pour revenir avec nous, dans sa maison et à présent, elle pouvait se laisser mourir de fatigue. Elle a mangé durant 4 jours pour nous faire plaisir: uniquement lorsque nous lui présentions sa pâtée, même chose pour l’eau. Et puis le soir, la veille de sa mort, j’ai compris que tout était terminé et que probablement ses reins n’étaient pas juste malades mais qu’ils étaient en train de lâcher. Elle ne parvenait plus à réaliser les choses les plus simples de son quotidien. Elle s’est couchée sur le parquet et n’a plus bougé, elle a cessé de se nourrir et de boire. J’ai vu dans son regard qu’elle avait abandonné: elle était prête. Pas moi ! Mais ce n’était pas à moi de décider. Alors j’ai pleuré toute la nuit. A 8h30, nous avons appelé le vétérinaire pour la faire euthanasier à 14h. Le matin, elle ne voulait pas être seule, dès que nous quittions, mon mari ou moi, la pièce où elle se trouvait, elle faisait un miaulement déchirant. Alors nous sommes restés avec elle, nous l’avons caressé, nous lui avons parlé. Puis nous l’avons accompagné chez le vétérinaire. Elle était tellement faible que la première piqûre qui devait l’endormir a fait cesser de battre son cœur et elle est morte sous nos mots doux et nos caresses.
Avant notre départ pour l’euthanasie, mon second chat, le gris de 16 ans l’a vu mourante, il a miaulé autour d’elle comme pour lui dire « aurevoirs », c’était très touchant. Il l’a ensuite cherché dans l’appartement, puis son comportement a changé durant un mois, il semblait déprimé. Il ne quittait plus son coussin a cote du radiateur. Il venait uniquement pour ses câlins du soir, la nuit sur le lit et le rituel du réveil pour la recharge de caresses. Nous nous sommes entre consolés: j’avais besoin de lui et lui avait besoin de moi. Puis il est redevenu comme nous le connaissions.
Et un soir, il y a 3 jours, précisément 2 mois et 2 jours après le dece de mon amour de chatte tigrée, que je pleure toujours, l’impensable s’est produit.
Il y a trois jours, le soir, très fatiguée je suis allée dormir, et comme à son habitude, mon amour de chat gris m’a rejoint sur le lit. J’ai aperçu sa petite tête de peluche qui voulait des câlins, mais épuisée, je n’ai pas bougé, j’ai continué de somnoler. J’aurais pourtant dû le caresser. Je l’ai senti se coucher contre moi. Et une vingtaine de minutes plus tard, j’ai été tiré de mon endormissement par un grognement, j’ai cru qu’il faisait un cauchemar, je me suis assise et je l’ai trouvé les yeux fixes, grands ouverts, la bouche ouverte, allongé sur le flan, il ne respirait plus. Il a été secoué de deux spasmes, puis son corps s’est définitivement éteint. Il est décédé brutalement contre moi, d’une crise cardiaque, j’ai l’impression dans son sommeil.
Depuis je suis terrassée par la douleur de ces deux décès qui me laisse un vide infini. Tout chez moi me rappelle leur absence. Le lit est désormais froid et vide, lorsque je me réveille je suis seule, il ne résonne plus aucun miaulement lorsque c’est l’heure des croquettes. Je n’ai plus leurs doux poils qui me frôle les joues, leurs ronrons qui me bercent. Je pleure, je pleure, je ne fais plus que ça. Je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’œil dans tous les lieux où je les trouvais endormis, comme si j’allais pouvoir les retrouver. Dans mon appartement partout, sur chaque chose, j’y croise leurs souvenirs qui se promène et j’ai mal, j’ai mal, j’ai très mal.
Comment se relève t-on après la perte de deux amours de chats, comment ? Y en a t-il parmi vous qui ont surmonté ce type d’épreuve ?
Je suis désolée pour le pavé que j’ai laissé ici. Merci aux courageux/ses de m’avoir lu.