Snoopy ne va pas bien du tout

Ah je pense à tous ces mots qui blessent parfois alors qu'ils sont prononcés pour consoler.... Je me rappelle quand j'écrasais Pablo, quelques jours après sa mort, très triste et choquée, plusieurs personnes m'ont téléphoné et m'ont dit "à choisir, il valait mieux écraser ton chat qu'un de tes enfants". Pourquoi aurais dû donc choisir entre l'un des deux ? Je ne voulais ni écraser mon chat, ni mon enfant, ni qui que ce soit d'autre, des mots mal choisis dont je me souviens encore et qui avaient été pourtant prononcés par des gens qui n' avaient voulu qu'adoucir ma peine. C'est peut être pour ça que ce post est beau, parce que tous ceux qui sont venus y écrire ont pesé savamment chacun de leur mot, pour ne pas faire mal, parce qu'ils avaient tous déjà vécu cette situation et qu'ils savaient combien elle était difficile. Certains sont, comme certains le pensent, probablement venus sans jamais rien y écrire, ou ont avoué avoir attendu avant de le faire par respect, parce qu'ils ne trouvaient pas les bons mots. D'autres ont osé des mots durs, les deux messages qui m'ont probablement le plus secoué étant celui de Docline, et le fait que le travail de la mort avait commencé et que je ne pourrai rien faire contre ça, et celui de Solenneb, qui revivait aussi l'histoire de sa propre chienne, partie très jeune de son urée et de ce vétérinaire qui lui avait dit que le jour où elle ne mangerait plus, il faudrait la laisser partir... Et que mon chien en était à ce stade aujourd'hui... Oui, ils étaient durs ces mots, pourtant j'avais besoin de les entendre et ils ne m'ont pas fait aussi mal qu'on aurait pu le penser, parce qu'ils étaient prononcés par des gens qui adoraient les animaux et qui ne pensaient qu'à eux avant tout.. Et tout ça transpirait dans chacune des réponses...

À vrai dire je ne savais pas que ces pages me serviraient d'exutoire parce que je ne savais pas au début que mon chien allait mourir, j'étais venue ici pour trouver des conseils alors qu'il avait quelques soucis respiratoires.... Puis tous les messages postés en guise de réconfort m'ont soutenu à tel point que c'est ici que je décidais de retranscrire mes émotions, mes ressentis lorsque je comprenais que Snoopy etait condamné.

Je comprends ce parallèle avec les enfants qui est parfois fait et que certains ne comprendront jamais. "Snoopy qui s'était endormi sur sa maman" comme cela avait été décrit sur l'un des messages. Vendredi c'est comme un fils que j'ai perdu... Il était bien vieux mais notre histoire n'avait duré que trois ans alors j'avais comme l'impression, tout comme ceux qui ont perdu un chien trop jeune, que c'était injuste. Lui avait déjà vécu une dizaine d'années avant mais moi je n'avais pu écrire avec lui que trois courtes années... Qu'il était beau ce message où on me disait que trois ans à l'échelle humaine c'était peu, mais qu'à l'échelle d'un chien c'était beaucoup et qu'il m'a fait du bien ce message. Mon mari ne comprenait pas ma peine qu'il jugeait démesurée parce que lui n'oserait jamais comparer la vie d'un chien à celle d'un enfant. Pourtant, je tentais de lui expliquer qu'un chien était dépendant de son maître, qu'il avait besoin de celui ci et n'avait de cesse de chercher à lui faire plaisir, tel un jeune enfant innocent qui tente à tout prix d' attirer l'attention de ses parents et d'être félicité pour apprendre à grandir. Je tentais de lui expliquer qu'un chien ne vivait que pour son maître, que c'est exactement ce qu'avait fait Snoopy et que touchée, je n'avais pu vivre en retour que pour lui. Que lorsqye j'allais à l'école, je tenais d'une main celle de mon fils, et de l'autre la laisse qui me raccordait à Snoopy, comme un autre enfant dont je tenais aussi la main. Lui qui était un si bon papa avec ses enfants avait été touché par ce parallèle qui lui semblait d'un coup un peu plus parlant.....

c'est vrai , nous arrivons à les voir comme nos "bébés" "enfants "

Notre chien aime sans condition. Il nous offre un bonheur simple en permanence en restant attaché envers et contre tout.

c'est si facile de partager un véritable Amour , avec eux .

et un jour , ou il est temps de ré ouvrir notre cœur , on recommence avec espoir de retrouver cette fusion ..

grosses bises

A demain

Christelle

Snoopy n'était pas tout à fait parti favori au début de mon engagement au refuge, parce que j'aimais surtout les gros chiens... Bon, en fait, Snoopy était quand même gros, mais pas par la taille, il était devenu obèse par le poids des années passées derrière sa cage, trouvant sans doute refuge dans cette nourriture qu'il aimait tant pour l'aider à affronter la réalité de cette triste vie qui était devenue la sienne..... D'ailleurs le jour où j'adoptais Snoopy, le responsable du refuge me disait en plaisantant jouant sur le jeu de mots "tu vois, tu auras fini par l'avoir ton gros chien...."

Snoopy m'avait touché, je ne pouvais pas le nier, pourtant il y avait aussi "Gaston" le terre neuve croisé rottweiler, avec lequel j'allais entretenir aussi une relation fusionnelle.. Ce chien était toujours couché sur le béton, il me regardait du coin de l'œil à chaque fois, il n'y avait pas de gaieté dans ses yeux, non juste de la tristesse et de la résignation, la suite me montrerait à quel point il était intelligent ce chien, il semblait comme réfléchir au non-sens de cette vie misérable, sans personne à aimer , quatre longues années, peut être plus, s'étaient écoulées sans qu'il n'ait pu sortir de ce box parce que les propriétaires craignaient qu'il arrive quelque chose. Les chats circulaient librement autour de ces boxes et quelques années auparavant, un chien, qui n'aimait pas les chat, était accidentellement sorti d'un box, pour courser un chat, le laissant agonisant sur le sol. La responsable n'avait jamais oublié la violence de cette scène, le pauvre chat était mort dans ses bras...

Alors Gaston, il n'avait pas le droit de sortir, parce qu'il était ultra protecteur, excessif dans sa réactions et qu'on n'était pas vraiment sûr de lui...

Il m'en aura fallu du temps pour que les propriétaires me fassent confiance et acceptent enfin que je sorte Gaston... Le responsable avait par contre voulu impérativement être avec moi, à côté, au cas où ça se passe mal parce qu'il faisait quand même 60 kilos... . Je ne sais pas pourquoi mais moi j'avais toujours su qu'il ne me ferait jamais de mal.... Quelque chose était passé aussi avec lui, je crois qu'il avait pu comprendre que je savais ce qu'il ressentait.... On ne commande pas ses sentiments et je n'avais pas prévu de ressentir de telles sensations à l'égard de ces deux chiens....

La promenade s'était merveilleusement bien passée, et le responsable était ravi et félicitait Gaston en lui disant qu'il avait été très gentil et qu'il pourrait continuer à se promener...

Ce que j'aime avant tout dans le fait d'avoir un chien, c'est le fait de me promener parce qu'il y a un réel partage, et plus encore avec ces chiens de refuge qui en avaient tant besoin....

Et... qu'est-ce qui est arrivé à Gaston? Il a trouvé une famille? 😳

Les propriétaires étaient très gentils avec leurs animaux, ils les aimaient comme s'ils avaient été leurs propres chats ou leurs propres chiens, mais le refuge ne recevait aucune subvention, il était privé, ces gens au grand cœur l'avaient créé de leur plein gré alors qu'ils étaient très jeunes, pour venir en aide aux animaux en détresse. Les chats circulaient au milieu des boxes des chiens, privant les chiens qui n'aimaient pas les chats, de sortir....

Il y avait bien des choses à changer mais les propriétaires n'en avaient pas les moyens, car toute leur paye et retraite devait probablement y passer.... Pourtant lorsque les chiens étaient malades, Ils n'hésitaient pas à dépenser des sommes folles, je me souviens d'un gentil épagneul breton déjà un peu âgé, autrefois maltraité, atteint d'un grave cancer, sa bouche avait doublé de volume, il faisait peine à voir. Les propriétaires n'ont pourtant pas hésité à faire une cinquantaine de kilomètres pour l'emmener dans l'une des meilleures cliniques des Ardennes, l'opération avait coûté plus de 1000€ si je me rappelle bien... Qui donc aurais mis une telle somme pour un vieux chien malade dans un refuge...?

J'ai travaillé dans un autre refuge d'une grande ville, il y a 20 ans, un grand refuge, subventionné, où les euthanasies étaient monnaie courante, même sur des chiens en forme, par manque de place. La haut dans ce petit refuge de campagne, on avait le même respect pour n'importe quel chien, quelqu'il soit...

Pourtant, parce qu'ils avaient déjà beaucoup donné, les propriétaires aspiraient à se dégager un peu de temps pour eux, et s'il y a longtemps l'après midi était consacré à la promenade des animaux, aujourd'hui le refuge affichait portes fermées..... Comment aurait-on pu leur en vouloir ? Ils avaient bien tenté de recevoir une subvention, ils avaient décroché une subvention dérisoire au début qui avait fini par leur être enlevée. Mais oui parce qu'il y a encore beaucoup à faire pour que les mentalités changent dans les campagnes. Un chien reste un chien... Il y a de l'argent à donner dans des causes bien plus importantes à leurs yeux.... Ils avaient juste le droit d'occuper le terrain gracieusement.....

Ayant obtenu l'autorisation des propriétaires, Gaston commençait tout juste doucement à regoûter à la joie des promenades.... Mais, même si deux chiens m'avaient un peu plus touché que les autres, l'un par sa vieillesse, sa joie de vivre et son grand cœur et l'autre par sa détresse, je voulais être juste dans ma démarche et promener en alternance tous les chiens. Évidemment j'en promenais certains un peu plus que d'autres... Ceux qui ne sortaient absolument jamais de leur box...

Oui, parce que la responsable qui adorait les chiens et ne pouvait les promener, profitait du moment où il nettoyait les cages le matin, pour laisser sortir certains chiens au milieu du terrain pendant ce petit quart d'heure.... Évidemment les chats circulant en toute liberté au milieu de ce terrain, seuls les chiens qui aimaient les chats pouvaient profiter de ce privilège. Puis une fois le box nettoyé, le responsable criait, "à la niche" et les chiens revenaient tout de suite... C'était le rituel et ils le savaient....

C'est drôle parce qu'ils avaient tous des réactions différentes, la plupart gambadait tranquillement, le plus touchant c'était Junior, un jeune et beau labrador noir hyperactif que son maître avait bord castré pour l'assagir, puis le maître, dépassé par la situation, avait fini par le déposer au refuge, à contre cœur..

Junior, il faisait sourire et rire tous ceux qui le voyait sortir de son box, parce qu'il sautait très haut, faisait des bonds énormes tel un kangourou, laissant éclater sa joie communicative auprès de tous, savourant chaque minute de cette liberté improvisée, une joie et des sensations décuplées par la frustration d'en être privée. Qu'ils étaient beaux ces moments ! Junior, lui, allait chercher en d'autres chiens, cet amour dont il était privé et aller devenir le meilleur copain de presque tous les chiens..... Quand Gaston allait trouver en moi une personne référente, une personne à aimer pour se sortir de cette tristesse qui le caractérisait, une personne à protéger, lui qui était ultra protecteur, et reprendre un peu d'espoir devant cette vie, sa vie de chien qui semblait enfin un peu s'améliorer....

Coucou Enicia

Peut être que dans quelques temps, tu auras le courage de passer dans un refuge pour être à nouveau une super bénévole pour des patounes ..

A toute

C'est ainsi que pendant plusieurs mois, Gaston n'allait plus vivre que pour moi, et dans l'espoir que je vienne pour le promener. Les beaux jours arrivant, deux dames s'étaient présentées comme bénévoles pour nettoyer les cages, des dames ultra efficaces, gentilles et en qui les propriétaires avaient entièrement confiance.... À tel point qu'elles allaient permettre aux propriétaires de partir en vacances, la responsable du refuge m'avouait alors qu'elle n'était pas partie en vacances depuis 30 ans, depuis qu'elle s'occupait des bêtes....

Un jour, alors que ces mêmes dames nettoyaient un box à côté de celui de Gaston, elles étaient restées estomaquées de le voir littéralement se transformer tout joyeux et m'avaient avoué juste après qu'elles avaient compris qu'il avait eu cette réaction des qu'il avait vu ma voiture puis mon visage passer le portail.... Il ne vivait plus dès lors que pour cette promenade qu'il attendait tant....

Pourtant parfois, je décidais de ne pas le promener parce que d'autres n'avaient pas eu de balade depuis longtemps et parce qu'avec le beau temps, quelques bénévoles étaient venus de temps en temps et que Gaston avait parfois été promeně par quelqu'un d'autre...