Participation à une étude scientifique

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Bonjour,

Je suis actuellement étudiante en doctorat au Laboratoire Ethologie Cognition Développement (LECD) de l’Université Paris Nanterre. Pour mon sujet de thèse, je m’intéresse plus particulièrement à l’apprentissage interspécifique (entre deux espèces différentes) à la fois chez des enfants et des perroquets. Je souhaite savoir s’ils peuvent apprendre à utiliser différents objets à partir d’une espèce différente de la leur. Le but serait de mieux comprendre comment les humains et les animaux perçoivent les autres espèces, et ainsi permettre d’approfondir les connaissances sur la relation entre les animaux non humains et les humains. Pour cela, j’ai besoin d’un chien qui servira de modèle d’apprentissage. Les objets sont au nombre de quatre et seront adaptés aux capacités du chien (exemple : mettre un bâton dans le trou d’une boite). Etant donné que ces objets peuvent être assez petits pour des chiens de grande taille, je recherche plutôt un chien de petite taille (exemple : Jack Russel, chihuahua, etc.) qui a l’habitude d’être dressé, et dont le propriétaire réside en Ile-de-France. Si vous êtes intéressés, vous pouvez m’envoyer un message privé. Je peux aussi répondre à vos questions si vous en avez, et je peux aussi vous en dire plus sur l’étude si vous le souhaitez. La participation de vos compagnons canins sera très utile pour la science !

Bonne journée a tous !

21 réponses
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Toutes ces études portent cependant majoritairement entre des individus qui appartiennent à la même espèce (du moins pour l’apprentissage de gestes, les études sur l’apprentissage vocal interspécifique étant assez nombreuses). Et les quelques rares études interspécifiques sont entre des espèces proches, même s’il existe quand même quelques études notamment avec des animaux qui apprennent d’un modèle humain (études avec des canidés (Kubinyi et al., 2003) et primates non humains (Buttelmann et al., 2007) majoritairement). Il semblerait donc qu’on ne sait pas encore si l’espèce du modèle peut être considérée comme un critère de catégorisation sociale, et comment celle-ci influence l’apprentissage (même si nous pouvons déjà avoir des hypothèses, il faut expérimenter). Un individu d’une espèce très différente peut-il être considéré comme modèle d’apprentissage potentiel ?

Maintenant, pourquoi comparer des enfants avec des perroquets ? Je pense que je vais expliquer le choix pour les deux modèles. Tout d’abord, étudier des enfants plutôt que des adultes permet de comprendre le développement de leurs différentes capacités, notamment de leurs capacités cognitives (tout ce qui touche, au traitement de l’information, à la mémoire, à l’apprentissage, etc.). Il est intéressant de savoir quand apparaissent ces capacités, comment elles apparaissent (par simple développement cérébral/moteur ? Par des facteurs de l’environnement comme les interactions sociales ?), comment elles évoluent (souvent les enfants utilisent des règles plus rigides pour apprendre, mais apprennent ensuite à être plus flexibles en tant qu’adultes). Enfin bref, nous pouvons retracer beaucoup de choses à partir de l’étude des enfants.

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Venant à la base de la biologie, je m’intéresse aussi pas mal à l’évolution. C’est pour cela que je souhaite aussi regarder cet apprentissage social chez d’autres espèces. Le plus logique serait tout simplement de comparer les humains et les autres primates, en particulier les grands singes (gorille, chimpanzé, bonobo, orang-outang). S’il s’avère que nous trouvons des résultats similaires, ça voudrait dire qu’ils ont évolué de la même façon que les humains, à partir d’un même ancêtre commun. Mais, je m’intéresse à ce qu’on appelle l’évolution convergente, c’est-à-dire lorsque deux espèces éloignées ont développé des critères ou des capacités similaires à cause de facteurs similaires. Par exemple, les poissons et les cétacés ont une morphologie proche alors qu’ils n’appartiennent pas du tout au même groupe d’animaux, mais ils ont évolué de la même manière à partir d’ancêtres différents, afin de vivre sous les conditions contraignantes de l’eau.

C’est pour cela que je m’intéresse à une espèce différente des primates non humains, pour voir comment ces capacités d’apprentissage ont évolué avec une espèce qui possède une histoire différente. De plus, en-dehors des primates non humains, les oiseaux, et plus particulièrement les corvidés (corbeaux, corneilles, geais, …) et les psittacidés (perroquets, cacatoès, keas, …) ont montré dernièrement qu’ils possédaient des capacités cognitives développées (Emery, 2006), ce qui en font de bons modèles actuels pour des études cognitives. De plus, les perroquets que nous étudions forment des grands groupes sociaux complexes, et forment des couples monogames à vie, critères qui se retrouvent chez les humains. Ce sont donc des animaux qui peuvent être utilisés dans le cadre d’une étude sur la cognition sociale comme celle-ci. Et puis, à vrai dire, je souhaite compléter le projet plus tard avec d’autres espèces (justement les primates non humains par exemple) afin de vraiment pouvoir retracer l’évolution des capacités d’apprentissage, faire une sorte d’arbre généalogique de ces capacités. Malheureusement, une thèse n’est financée que pour 3 ans, donc je ne peux pas m’éparpiller sur beaucoup d’espèces si je veux pouvoir la finir en 3 ans…

Mais bon, ce projet est en tout cas pour mieux comprendre comment sont catégorisés les animaux non humains par les enfants, mais aussi l’inverse, comment les animaux nous catégorisent-ils ? Cela m’a étonnée de voir qu’il y avait peu d’études sur le sujet alors que nous sommes entourés constamment par les animaux.

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Pour les travaux de McGreevy, je ne connaissais pas, donc vous avez bien fait de le citer ! Etant encore au début de ma thèse, je suis encore en train d’établir les références bibliographiques, et je ne m’étais pas encore penchée sur ces articles, donc merci, je l’ajoute vite dans ma liste d’articles à lire ! J’espère effectivement pouvoir en tirer des applications si tout marche bien.

Un apprentissage interspécifique, c’est tout simplement lorsqu’un individu apprend quelque chose d’un individu d’une espèce différente (par exemple, si un chien apprend à contourner un obstacle après avoir observé un humain le faire), alors que si c’est avec un individu de la même espèce, on parlera d’apprentissage intraspécifique. Pour qu’on parle d’apprentissage par contre, là c’est une autre histoire, les chercheurs ont tous une opinion différente. Le problème c’est que pour étudier l’apprentissage, l’observation est majoritairement utilisée, donc il est extrêmement difficile de savoir quelle information a été extraite par l’individu qui apprend : est-ce qu’il a appris à refaire exactement la même séquence d’actions que le modèle (on parle alors d’imitation) ? Ou est-ce que c’est juste que son attention a été portée vers l’endroit où se trouvait le modèle et il s’avère juste qu’il a réalisé la même séquence accidentellement ? (dans ce cas, on parle de local enhancement, il n’y a pas de traduction officielle française, mais cela signifie que l’indice d’une localisation a été accentué, ce qui fait que l’individu remarque plus cette zone spécifique). Dans tous les cas, l’individu a tout de même acquis une information/des gestes/etc de la part du modèle, mais on ne sait juste pas ce qu’il a appris exactement du modèle (juste une information spatiale ou toute la séquence d’actions ?), ni quel type de procédé il a utilisé. Mais oui, on peut parler d’apprentissage interspécifique dans votre exemple, le chien a appris une action (récupérer la balle) en observant l’humain. Il serait juste difficile de savoir quels processus ont été mis en jeu ! C’est toute la difficulté des études sur l’apprentissage. Donc le même problème va se poser pour le chien qui a regardé la chèvre sauter une clôture. Ce n’est pas impossible qu’il y ait imitation, mais difficile à dire. Mais techniquement, cela reste un apprentissage, mais on ne sait pas quel degré d’apprentissage (le plus élevé étant donc l’imitation).

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Pour tester ça, effectivement, certains vont utiliser des séquences d’actions qui ne sont pas utilisées naturellement par l’espèce du sujet mais qui restent faisables (mais les avis divergent aussi, il y a beaucoup d’opinions qui se confrontent dans la recherche !). C’est un sujet plutôt sûr à expérimenter, il me faut juste trouver des démonstrateurs pour les expés maintenant ! Et la vidéo est adorable ! Les rats sont des animaux très attachants et sociaux, je peux comprendre qu’ils s’occupent bien de ces petits chatons :)

Enfin ! Cette a été très longue (je bavarde beaucoup sur le sujet !), donc j’espère qu’il n’y a pas trop d’erreurs dedans et que je n’ai pas zappé de questions, malgré une relecture ! En tout cas, je suis contente de votre curiosité, cela fait toujours plaisir quand on fait de la recherche ! N’hésitez pas à me redemander des clarifications ou à me poser d’autres questions si le cœur vous en dit. Par contre, comme vous le voyez, je ne serai pas forcément la plus rapide à répondre (il y a beaucoup de choses à faire au laboratoire !). J’espère vous avoir un peu éclairés :)

Bonne soirée et bon weekend à vous tous !

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Energiesolaire
Energiesolaire

Ça risque de vous bouleverser un peu de lire ça, mais compte tenu votre but, je crois qu'on peut pas passer à côté (honnêtement), surtout si vous n'avez que 3 ans.

Le livre d'éthologie #1 appliqué au chien domestique, en date de 2014: "The Social Dog: Behavior and Cognition"

Science grade. 70$ en demat. Écrit en collaboration avec 9 équipes de chercheurs (+/- 2 équipes, car j'y vais de mémoire ici).

La section III au grand complet, le titre: Social Learning ;) (Chapitres 9, 10, 11, 12 et 13!!)

Le côté bouleversant, un peu chiant à la limite quand on a de la graine de chercheur, c'est qu'ils font énormément de boulot à notre place. Il est très très très difficile de trouver quoi que ce soit à dire, tant au niveau du biais (absent), que de l'effort déployé.

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Docline
Docline

Un apprentissage interspécifique, c’est tout simplement lorsqu’un individu apprend quelque chose d’un individu d’une espèce différente (par exemple, si un chien apprend à contourner un obstacle après avoir observé un humain le faire), alors que si c’est avec un individu de la même espèce, on parlera d’apprentissage intraspécifique.

.. Dans tous les cas, l’individu a tout de même acquis une information/des gestes/etc de la part du modèle, mais on ne sait juste pas ce qu’il a appris exactement du modèle (juste une information spatiale ou toute la séquence d’actions ?), ni quel type de procédé il a utilisé.

Pourquoi se limiter à de l'action ?

Que chacun se demande en faisant appel à ses lointains souvenirs ce qu'en tant qu'humain il a appris des animaux. Il ne s'agira pas souvent d'actions; plutôt de leçons de vie.

Lorsque mon chien me regarde interagir avec le chat, il ne cherche pas à imiter l'un ou l'autre; il cherche à deviner pourquoi l'un se comporte comme ci ou comme ça avec l'autre.

Je crois que l'apprentissage interspécifique est assez souvent celui d'une certaine sagesse, d'une possible "philosophie" de la vie, plutôt que de se contenter des éventuels désirs d'imitation

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Energiesolaire
Energiesolaire

Car faut le quantifier / démontrer :)

Pour des considérations + supérieures, faudra croire Charles Darwin sur parole. Mais bon, c'est pas le dernier des brochets non plus (comme on dit chez nous). Mais oui, bien dit DocLine. Impossible à démontrer, mais c'est bien d'en parler.

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Energiesolaire
Energiesolaire

Pour aller dans le même sens que vous, dans un papier sur l'éducation que je suis en train d'écrire, je conclus que pour prétendre enseigner aux chiens, on doit accepter d'apprendre d'eux.

Normal. Un éducateur appliqué aux humains doit d'abord apprendre son métier, avant de le pratiquer.

Bien des gens du domaine de l'enseignement, vous confirmeront qu'on apprend autant qu'on enseigne. Le processus d'éducation est comme une danse. On dirige la danse, mais on doit être 2 pour danser.

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Energiesolaire
Energiesolaire

Moi la question que je me pose, c'est comment exclure le conditionnement opérant de l'équation.

Est-ce que l'enseignement inter spécifique existe? É-vi-dem-ment. L'humain enseigne à des rats, à des orcres, à des chiens, à des chats, via le conditionnement opérant.

J'ai enseigné à ma chienne, à se protéger de ma chatte. Je lui ai montré à la garder à distance en utilisant ses pattes de devant. Mais j'ai utilisé la commande donne-la-patte. Donc l'enseignement s'est fait via le conditionnement opérant préalable. L'impact, est une meilleure interaction sociale entre les 2. Petrouchka peut attaquer Sana à répétition, cette dernière se protège avec ses pattes.

Enfin, merci à la future auteure d'être venue nous mettre à jour.

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Utilisateur anonyme
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D'accord, je vais essayer de trouver ce bouquin, en plus j'ai déjà lu quelques articles de Kaminski :)

En effet, l'apprentissage philosophique/de connaissances existe aussi, mais comme le dit Energiesolaire, il faut pouvoir en tirer des observations, mais ça serait tout aussi intéressant de pouvoir étudier cet aspect. Peut-être que quelqu'un dans le futur trouver une façon de quantifier ça !

Je pense aussi que l'apprentissage interspécifique existe, mais en sciences il faut aussi démontrer, même si certaines choses peuvent paraître évidentes ! Et c'est bien le problème actuel avec les études sur l'apprentissage entre différentes espèces actuellement, c'est qu'il est dur de trouver une bonne méthode pour le démontrer. Pour le conditionnement opérant, étant donné que ça sera une situation avec un apprentissage "spontané" (comme les études où un animal apprend à ouvrir une boîte après observation par exemple, sans apprentissage préalable), ce qui devrait éviter le conditionnement opérant. Puis ça sera une nouvelle méthode d'étudier la question, mais pour l'instant, ne l'ayant pas encore testée, je ne peux pas encore trop en parler en positif ou en négatif... Mais il est évident que nous apprenons énormément de nos compagnons, et eux de même, chose que beaucoup de personnes ignorent :) Ça peut autant être des choses dans la vie de tous les jours (cf vos témoignages), que des innovations techniques (la formation en V des oiseaux qui est une formation aérienne efficace et qui du coup a servi à élaborer des stratégies de vol d'avions plus efficaces).

Merci beaucoup pour vos différents points de vue, témoignages, questions (très intéressantes et sensées), partages de connaissances, etc ! J'ai beaucoup appris, j'espère que j'ai pu vous apprendre des choses aussi :) Bonne journée, et j'espère pouvoir un jour vous parler des résultats de cette recherche ! Et je vous souhaite bon courage pour la rédaction de votre papier sur l'éducation Energiesolaire, ce n'est jamais simple !

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