Expliquer de façon humaine

Mais surtout, sans l'appeler. C'est ce qui fut choquant.

Ses pas vers moi, sont inexplicables, autrement que par le fait qu'elle sait que je tente de lui expliquer, et qu'à un certain moment, je la convaincs, exactement, comme ce bushman parvient à convaincre ce babouin:

https://www.youtube.com/watch?v=lVt-IgWMKac

lol

Marrant que tu parles de cela. Basile a aussi un problème avec le harnais. Ça le terrorise.

J'ai essayé maintes et maintes fois de lui expliquer que j'avais besoin de lui mettre ce harnais pour qu'on parte en balade. Que si je n'arrivais pas à lui mettre, je ne pourrais pas le prendre avec moi et j'irais seule avec Léon.

Encore aujourd'hui, il était dans l'escalier et refusait de descendre dans le salon où je l'attendais pour lui mettre son harnais.

Je crois en effet qu'il est sensible au fait que j'essaie de lui expliquer quelque chose. Il bouge sa tête de droite à gauche quand je lui parle, fait un pas vers moi. Mais il finit toujours pas reculer dès que je bouge le harnais.

La seule chose qui le fasse venir, c'est d'effectivement s'en aller et de faire mine de lui claquer la porte au nez. Et encore, même comme ça, il recule parfois quand on re-ouvre la porte. Pourtant, ce ne sont pas des paroles en l'air, et je l'ai plusieurs fois laissé en plan parce qu'il refusait reellement de venir pour mettre son harnais et que je n'avais pas envie de me battre.

J'ai essayé d'envoyer Léon, qui etait tout harnaché et près à partir se balader, chercher Basile dans l'escalier. Idem, Léon comprenait bien que j'essayais de lui expliquer quelque chose. Mais il n'était pas sûr de quoi. Il a quand même reconnu les mots "chercher" et "Basile" je pense. Donc il est monté dans l'escalier et s'est mis au niveau de Basile.

Mais comme il n'était pas à 100% sûr de ce que je tentais de lui expliquer, il n'a pas franchement essayé de rabattre Basile vers moi (en pinçant les mollets comme il l'aurait fait avec un mouton lol) alors que je pense que s'il avait totalement compris la situation il l'aurait fait.

Conclusion : on va quand même finir par bosser cette histoire de harnais en mode "medical training". Bon ça fait 1 an que je me dis qu'il faut que je le fasse mais je n'ai pas trouvé le temps.

"Pas de friandise, pas de conditionnement" : Une fois de plus, conditionnement ne signifie pas friandise. Le fait que tu sembles moins préoccupé, plus satisfait, quand elle accepte de mettre son harnais (ou simplement de faire un pas vers toi) après que tu lui aies fait part de tes inquiétudes, pourquoi cela ne pourrait pas être du conditionnement ? Soulager un proche d'un sentiment négatif tel que l'anxiété, peut être considéré comme une récompense pour une espèce empathique qui reçoit en boomerang les émotions de ses proches, et ainsi encourager à reproduire le comportement qui a permis de soulagement, le processus de généralisation permettant en plus de le reproduire, avec des variations, dans des situations très différentes.

Bref, comprendre que son humain essaie de donner des explications, c'est une chose. Mais avoir "envie de" c'en est une autre. Et surtout : "avoir envie de" alors qu'on a même pas parfaitement compris les explications. Sana a manifestement envie de te faire plaisir quand elle fait ce pas vers toi, et elle te fait confiance. Elle n'a pas vraiment compris ce que tu lui expliquais mais ce dit que ça ne peut pas être mauvais.

Mais tous les chiens n'auront pas forcément cet élan. Cela dépend de la qualité de la relation, mais aussi probablement bcp de l'ampleur du "traumatisme" vis à vis du harnais dans ton exemple.

Ah oui, j'aime beaucoup te lire.

Malheureusement, y aura pas de débat là dessus :)

Kainate, ce sujet me fascine vraiment. J'ai hâte de voir comment les choses vont évoluer avec ton Basile.

Nous avons accumulé au moins 2 ans d'historique avec le Harnais, et je ne crois pas du tout, que lui raconter à propos de mes problèmes financiers auraient eu le même impact au début LOLLLLLLL.

Donc vois dans ce post, un certain intérêt sur l'évolution relationnelle à long terme, laquelle permet, il semble, d'en venir à des dialogues de plus en plus humains.

J'en ai déjà parlé, j'en reparle et j'en reparlerai si ça peut inspirer des éducateurs canins. Si je me lançais aujourd'hui, en "éducation canine", j'aurais 3 plans, vision court terme, moyen terme, long terme. Ce dont je parle ici, c'est quelque chose qui se déploie sur le long terme, donc dans un horizon 1 an.

En effet, la réaction au langage humain évolue avec l'âge, gagne en finesse. Mais je prends plus cela pour une forme de télépathie canine qui s'améliore au fil de leurs heures d'observation de tous nos faits et gestes qu'une quelconque compréhension du contenu de nos explications. Disons que nos chiens devient de mieux en mieux l'attitude que nous espérons de leur part, et s'ils gardent intacte leur envie de nous faire plaisir, c'est gagné

Oui mais l'intérêt de cette télépathie, ce qui me branche là dedans, c'est le désire de comprendre.

Je m'intéresse de plus en plus à une théorie cognitive applicable à tout organisme. Elle explique la cognition de votre estomac, de vos intestins, et en partie notre attitude dans la vie en général. Ça s'appelle l'homéostasie.

Elle se définirait par un certain désire à parvenir à un certain état, lequel si on le prend "par défaut" serait l'équilibre. L'équilibre homéostatique définirait cet état où l'organisme est dans sa zone de confort si on veut. Au niveau de nos humeurs, donc de notre psyché, cet état s'obtient à condition qu'on soit libre des soucis importants. Et on veut parvenir à cet état.

Cela signifie que si vous avez des soucis, vous voulez vous en débarasser. Donc cette théorie englobe le conditionnement opérant car elle expliquer pourquoi un stimulus aversif est perçu comme tel, et une récompense est perçue comme telle. Pourquoi la nourriture est une récompense? Car elle permet à un système cognitif complexe qui se régule par la faim et la satiété, d'atteindre cet équilibre. Pourquoi se faire insérer une aiguille dans la joue, à froid, est pénalisant, car ça nous sort de cet état de bien être, la douleur brise l'équilibre homéostatique au niveau psychique.

Si avec les années, le chien développe un goût pour notre charabia, s'il aime tenter de le déchiffrer, il se peut fort bien que sa psyché en développe le besoin, même si minime, ça demeure très significatif. Dans ce cas, parler à notre chien le stimule, et en cours de processus il s'apaise, nous comprendre le récompense. Lui parler active le circuit de dopamine, tout ça, comme pour la satisfaction de tout besoin de l'ordre de l'homéostasie.

Donc il y a vraiment rétroaction ici, symbiose, car ça leur fait plaisir d'apprendre notre langage si on veut.

La version extreme extreme de ce principe s'est observée chez la guenon Vikki je crois, ou Washoe, une des 2. Après qu'on lui ait enseigné le langage des signes dans le cadre d'une expérience, elle a senti le besoin naturel de l'enseigner à sa descendance. Oh. Donc, l'impact de cette habileté sur la psyché de l'animal avait été sous-évalué, puisque déjà passé à des niveaux beaucoup plus profonds. S'exprimer ainsi, était devenu un besoin fondamental.

Ah j'oubliais, un organisme va désirer sortir de l'apparent équilibre "physique", en mode "recherche", puisque le fait de rechercher aide à "maintenir" l'équilibre psychique homéostatique.

C'est juste une façon pointue de dire, que si on laisse notre chien renifler, préférablement en liberté, et sans le stresser, cette action permet à sa psyché de "maintenir" un bon équilibre, suggérant que si on l'en prive, cet équilibre se "brise".

L'animal entre alors en boucle de feedback négatif.

Le feedback négatif, est un désir plus ou moins conscient de revenir à l'équilibre. Si il vous prend une envie de pipi, vous ressentez un feedback négatif qui disparait après soulagement de l'envie. Vous voyez?

Ce que je pense, c'est que si vous parlez à un chien qui a développé l'habitude de vous écouter, vous "créez" ces feedback négatifs!!! Il "veut" comprendre, et se sentira satisfait d'en saisir des brides, et va probablement "patcher" (donc combler) le reste cognitivement.

Rien de tout ça n,est confirmé je crois. Mais la fascination récente pour un chien capable d'appuyer sur le bon bouton produisant le bon énoncé de langage, semble suggérer que ce sujet attirera l'attention. Je pense que y a rien de surprennant dans tout ça. Si tu permets à un animal de raffiner sa capacité à combler des feedback négatifs, évidemment qu'il va apprendre.

L'an prochain je vais réaliser un clip. J'ai hâte de vous monter Sana qui s'intéresse à ce que je raconte. C'est hallucinant parfois. Il n'y a plus de doute dans mon esprit, elle apprécie une conversation d'au moins 15-20min sans perdre l'intérêt.

Et par apprécier, je veux dire que ça semble grimper très haut dans son estime, ça arrive bientôt nez-à-nez avec partager un repas. Je mélange les calins, un peu de jeu très tendre (elle aime tirer une peluche sans se lever ni même trop forcer), je prononce son nom souvent, je l'interpelle, elle me regarde, je lui pose une question, pas mal toujours la même: Sana, elle est où la peluche? La réponse est simple, toujours la même, là où elle vient juste de la laisser. Elle grogne, elle menace la peluche qui semble s'animer dans son esprit, elle peut la menancer ainsi un bon 15sec avant de se jeter dessus, ensuite elle marmonne comme un singe pendant que je tug avec elle.

Ensuite débarque Pétrouchka intriguée d'entendre Sana marmonner, et là sur un ton entièrement différent, je donne des ordres à Pétrouchka, qui bien sur les ignore. Et je regarde Sana qui a sa tête sur le côté, de découvrir que je peux parfois communiquer avec "d'autres" (conscience de l'autre vs de soi), et je lui dit "bien y en a pas", "Y en a pas", en voulant dire "elle n'obéit pas".

Et là je continue à causer, ça l'intrigue. Ex, je lui demande veux-tu un poulet ou un jambon. Donne la pate au poulet... Sa tête frôle de dévisser, etc....

Bonjour energiesolaire, comme toujours votre approche me fascine.

Je ne peut pas apporter beaucoup à cette conversation si ce n'est que et c'est sans doute par antrhopomorphisme j'aie toujours beaucoup parlé à mes chiens comme à mes chats et j'avais constaté chez eux "plus d'éveil" si l'on peut dire que chez d'autre compagnon poilus que je fréquente en extérieur.

Mais là c'est une question que je me pose... Est ce que Sana aurait le même intérêt pour une "conversation" avec une personne autre que vous ?

Car d'après ce que je perçoit et comprend c' est l'établissement de la relation sur le long terme qui permet cette approche ?

Donc le chien s'harmonise avec son humain par le phrasé ?

Khana la chienne de mon père ne communique pas beaucoup avec lui mais est très causante quand elle est en garde chez moi, est ce parceque j'encourage ce type de relation ?

Bref ça n'apportera sans doute pas grand chose à la conversation mais j'aime bien poser des questions. Je vous souhaite une belle journée