La mairie de Sainte-Foy-La-Grande a pris un arrêté contre les aboiements qui troublent l'ordre public
Après les coqs de village que certains veulent bâillonner voilà qu'un arrêté interdit aux chiens d'aboyer.
La nouvelle a fait sourire.
Ce n'est pas encore le 1er avril, seul jour de l'année où les poissons ont le loisir de s'exprimer, mais la mairie de Sainte-Foy-la-Grande a bien pris cette décision.
On s'est aussitôt inquiété de la santé du maire.
Robert Provain va bien. Il a toute sa tête.
« Interdire aux chiens d'aboyer ? Dit comme cela, je comprends l'étonnement. C'est comme si j'avais pris une disposition pour stopper la pluie ou faire taire les imbéciles », s'amuse l'édile foyen.
Quoique sur ce dernier point, il semblerait regretter de ne pas pouvoir prendre parfois de disposition légale.
Au-delà de cette boutade, la mesure révèle un problème de société.
L'arrêté municipal qui « prescrit la lutte contre les aboiements de chiens » date du 23 janvier et répond en fait à plusieurs plaintes de citoyens vivant au cœur de la bastide.
Agacés, excédés même, par les jappements diurnes et nocturnes de ces animaux, notamment rues Jean-Jacques-Rousseau et du 4-Septembre.
Il faut savoir que la cité compte 2 609 habitants et un habitat condensé sur un territoire étriqué de 51 hectares.
Cette concentration résidentielle offre à la commune foyenne les mêmes problématiques urbaines que des villes plus peuplées.
Impossible d'échapper à la promiscuité de voisinage.
Un chien qui aboie en pleine nuit réveille tout un quartier.
Dernièrement donc, des Foyens ont porté plainte à la gendarmerie.
Leur intervention a abouti à la saisie de deux chiens qui ont été amenés à la SPA de Bergerac à laquelle la mairie adhère.
Cette famille, propriétaire des chiens, a quitté la bastide depuis, mais c'est une autre qui a poussé le maire à cette extrémité afin d'accélérer la procédure judiciaire.
« Nous avons convoqué plusieurs fois cette personne à la mairie. En vain. Elle possède deux chiens, attachés par une laisse courte à une niche délabrée dans sa petite cour couverte de leurs excréments. Les voisins sont excédés par leurs aboiements de jour comme de nuit. »
« Que pouvais-je faire d'autre puisque la solution douce n'a pas fonctionné ? Un maire est responsable aussi de la tranquillité publique dans sa ville. Avec cet arrêté la police municipale peut intervenir et verbaliser. »
L'amende s'élève à 68 euros.
La propriétaire des chiens a été convoquée par courrier.
Cette affaire pose également le problème de la maltraitance des chiens et des animaux en général.
Lui-même possède un fox-terrier et ne comprend pas l'attitude de leurs maîtres.
« Les aboiements de ces chiens sont des appels de détresse. Un chien n'est pas un jouet. C'est un animal qui ne déçoit jamais, qui ne trahit jamais son maître à condition qu'il ait son compte d'affection. »
Robert Provain poursuit : « J'espère juste que face à cette mesure les propriétaires prendront conscience de leurs responsabilités vis-à-vis du voisinage. Ce qui m'exaspère c'est que nous, les maires, sommes tout le temps en train de légiférer alors qu'il suffirait d'un peu de bons sens citoyen pour régler certains problèmes de voisinage. »