Quand on va voir les témoignages d'éleveurs sur les forums spécialisés, le constat n'est pas jojo.
Je vous livre ce que j'en ai tiré :
Lorsque le sevrage est artificiel (et la stratégie globale interventionniste), on s'aperçoit vite que ça cache des choix de sélection et d'élevage douteux...
Je pense que si tout ça était porté à la connaissance du public, ça ferait parler. Mais comme la plupart des personnes "au parfum" sont elles-mêmes du métier et qu'on ne peut pas décemment casser du sucre sur le dos des collègues, c'est un peu la langue de bois :-) (chacun fait son truc dans son coin)
Voici un florilège des raisons pour lesquelles on sépare les chiots de leur mère précocement (certains le font dès 5 semaines, et encore c'est ce qu'on veut bien avouer) :
- la mère n'est pas en mesure de jouer son rôle correctement (il peut s'agir d'une inaptitude psychique ou physique)
- la mère présente un comportement boulimique ou d'autres troubles compulsifs qui ne permet pas aux chiots de se nourrir/ou de se maintenir en bonne santé (lors du passage progressif au solide) en sa présence
- il y a des déséquilibres ou incompatibilités telles dans le cheptel, qu'il est impossible de sociabiliser faire évoluer les les chiots au sein du groupe en présence de la mère (exemple : chienne excessivement agressive qui interdit qu'on approche ses chiots même à un stade avancé)
Maintenant, prenez juste 30 secondes et imaginez ce que les chiots apprennent, durant l'étape la plus cruciale de leur vie, dans de telles conditions.
Alors que si tout va bien, lorsqu'on fait des choix d'élevage pertinents :
- ne devrait-on pas poursuivre l'élevage uniquement avec des chiennes qui font preuve de bonnes aptitudes de maternage ? (une "bonne maman" comme on l'appellera, est tout à fait capable de gérer ses chiots de façon autonome, d'obtenir la paix si elle a besoin de repos, et de les sevrer progressivement)
Et si cette jolie chienne qui a coûté un bras ne sait pas materner, ne devrait-on pas mettre ses rêves de gloire (ou de profit) de côté pour le bien de tous ?
- Si on a des chiens qui ne savent pas se réguler ou présentent des TOCS, ne devrait-on pas remettre un peu en question l'équilibre de son cheptel/sa meute au lieu de persister à intervenir dans des processus qui se feraient naturellement si tout le monde se portait bien ?
- Et idem pour le troisième point. Non ?
Il y a pourtant des éleveurs qui nous prouvent que c'est possible de réussir cela, il y a des élevages où tous les chiens cohabitent sans heurts et ou les chiots sont au contact de toute la meute dès leurs premiers pas, où on fait confiance aux mamans pour le sevrage et où tout le monde rejoins sa famille quand il est prêt. Ces éleveurs ne sont pas magiciens, seulement ils font des choix pertinents.