Nounou dormait en général pas très loin de nos têtes, sur ou entre nos oreillers.
La nuit, assez souvent, vers 4 heures du matin, elle avait un besoin urgent de câlin. Elle me flanquait alors de grandes tartes dans la figure jusqu'à ce que je me réveille, la prenne dans les bras, lui caresse la tête. Je me rendormais en général, le bras entre ses pattes, pendant qu'elle ronronnait avec son ronronnement de chat au nez écrasé.
L'été, elle adorait sortir dans le jardin, d'où elle ne cherchait pas à s'échapper. Une des choses au monde qui me rendait le plus heureux, c'était de la voir arriver quand on l'appelait : elle marchait très prudemment, sortait de sous un buisson, avec son gros corps d'ours, et elle faisait un petit miaulement. Je la prenais dans les bras et elle donnait d'énorme coups de tête dans mon menton tout en ronronnant encore très fort. Je l'embrassais près de l'oreille, là où la peau est presque nue.
C'était un chat condamné d'avance, je m'en rends compte maintenant. Je l'ai eue il y a 3 ans, à peine. En trois ans, j'ai passé mon temps chez le vétérinaire, pour des problèmes digestifs, mamaires, respiratoires ... elle était issue de trop de croisements "LOF". Les vétérinaires étaient toujours impressionnés par sa patience et sa gentillesse.
Nounou adorait manger autant que les câlins : le moment de la pâtée la rendait extatique et s'il pouvait se multiplier au maximum, elle était trèèèèèèèès heureuse. Elle me laissait à peine le temps de la servir avant de se précipiter sur l'assiette. Pour elle "Nounou" signifiait en fait "repas". Elle adorait donc son nom !
Elle a passé ses deux derniers étés dans le jardin, soit à observer le monde, allongée sur le sol, soit, plus rarement, à se mettre à courir comme une dératée. Une fois, je l'ai même vu essayer d'escalader un arbre ! (c'était un british long hair de 9 ans, ça n'est pas fréquent ...). Comme tous les chats, les oiseaux la fascinaient, même si elle n'essayait pas de les attraper.
Nounou était une adepte des positions acrobatiques pour faire sa toilettes. On la voyait tenter des grands écarts faciaux tout à fait surprenants et qui nous faisaient rire de bon coeur.
Mainenant, je n'ai plus Nounou dans mon lit, pour la première fois depuis une éternité, dans le bon, comme dans le mal, je vais m'allonger sans sa présence. Elle ne va plus m'attendre quand je vais rentrer et descendre avec sa prudence élégante et bourrue à la fois l'escalier pour aller à ma rencontre. Je ne la verrai plus dans le jardin surgir pour dire bonjour, je ne la verrai plus s'étirer le dos, garder les fesses en l'air, avant de faire ses griffes. Sa gamelle est désertée, ses différentes cachettes (de manière surprenante, elle adorait faire sa sieste dans le bac de douche) ne la verront plus. Jr ne pourrai plus lui dire que je l'aime. Je n'entendrai plus jamais ses soupirs, ses grommelements, ses moments d'extase où elle se roulait sur le dos entre deux oreiller. Quand elle respirait, elle faisait parfois des "kwai, kwai" qui étaient des espèce de soupir. Quand elle faisait ses bruits là, je l'aimais encore plus, j'avais l'impression d'avoir un gros bébé dans les bras.
Nounou, qui s'appelait "Inounga" (je n'ai pas choisi) et que j'appelais en général "ma nounette" est morte aujourd'hui, euthanasiée chez le vétérinaire, alors que je l'amenais pour un scanner, persuadé qu'on allait trouver une solution pour son coryza chronique qui l'épuisait depuis deux mois et qui s'est révélé être une tumeur non opérable. J'ai d'autres animaux, que j'aime profondément, mais chacun est unique, comme ma Nounette était unique et toutes ses petites particularités m'ont rendu immensément heureux et fier de l'avoir et me laissent aujourd'hui, quand j'y pense, au bord d'une espèce de folie furieuse de souffrance. Nounou ... mon gros chat. Je t'aime et tu as été un merveilleux chat.