Oui, c'est malheureusement une pratique très courante de la médecine vétérinaire. Le fait de prescrire légitime la consultation pour un problème dont on ne s'occupe pas de comprendre la cause mais pour lequel on offre une solution de facilité au propriétaire afin qu'il ne subisse plus (ou moins) les conséquences.
Sauf cas vraiment extrême, je condamne fortement l'usage de psychotropes.
Mais surtout, il est parfaitement possible d'obtenir de très bons résultats avec l'approche systémique d'une situation. C'est à dire en commençant par considérer que le chien n'est pas un individu à part mais qu'il fait partie d'un système qui, lui, peut dysfonctionner. Dans ce système, en plus des paramètres environnementaux, tous les individus ont une influence sur les autres. Le travail du comportementaliste n'est alors pas d'intervenir sur le chien mais sur la relation entre l'homme et le chien. Et il se trouve que dans la quasi totalité des cas, le vrai malade est bien la relation et non le chien.
Quand des propriétaires se plaignent du comportement de leur chien, ils ne prennent pas toujours conscience de leur propre responsabilité. Mais même quand cette prise de conscience se fait, il reste fréquent que ces plaintes soient quand même suivies par des demandes d'intervention sur le chien (dressage, médicament, collier électrique, conseils sur comment punir).
Il semble plus simple que le chien soit le coupable qu'il faut punir ou le malade qu'il faut guérir plutôt que d'accepter sa responsabilité et de faire ce qu'il faut pour rétablir une relation saine.
On n'imagine pas les miracles que peut déjà accomplir ce médicament qu'est une meilleure connaissance du chien : savoir ce qu'est un chien, ce qu'il n'est pas, comment il communique, comment communiquer avec lui, ce que sont ses réels besoins et comment les combler.
Un bête exemple pour finir,
Un des meilleurs anti-stress/anxiété que je connais est une vraie et bonne activité alimentaire, pas un psychotrope !
En moyenne, l'activité alimentaire offerte aux chiens est de 10-15 voire 20 minutes par jour ! Une gamelle, des croquettes dedans, un chien qui engloutit et hop, c'est fini.
Mes chiens ont une activité alimentaire d'1h30 à 2h par jour. Joël Dehasse, célèbre vétérinaire-comportementaliste, parle lui de 3 à 5 heures par jour d'activité alimentaire qu'il faudrait à un chien.
Dans l'activité alimentaire, il faut inclure toutes les actions suivantes :
- rechercher la nourriture (il faut bien sûr bien la planquer. Il n'est pas question de chasse là)
- jouer avec
- déchiqueter, arracher
- mastiquer
- rogner
- ingérer
Bien sûr, tout ça ne peut pas s'obtenir avec des croquettes (peu importe leur qualité). Et l'alimentation crue n'a pas que des vertus pour la santé du chien. C'est aussi, associée à l'activité qui va avec, un excellent "médicament" pour le comportement.
Et ce n'est qu'un exemple...