- L’incompréhension et colère de voir sortir librement ses propriétaires, animent un chien qui ne se considère pas comme leur subordonné (les règles sociales canines réservant ce privilège à la dominance). L’animal redirige alors la forte tension ressentie, en grattage des murs, portes ou fenêtres et/ou sème urines et selles moulées de marquage qui ne sont que « rappels à l’ordre façon hiérarchie canine » !
Tous ces comportements (symptômes des difficultés d’adaptation de l’animal) ne sont donc pas destinés à nuire, mais sont exutoires aux différentes formes de tensions intérieures ressenties.
Devant les différents dégâts, déduire donc que le chien manifestant des signes d’une coupable inquiétude au retour de ses maîtres, « sait pourtant bien qu’il a mal fait ! la preuve : il détale pour se cacher ou prend des postures de soumission pour demander pardon !» relève du même mécanisme anthropomorphique.
Savoir distinguer le bien du mal est déjà une tâche impossible pour le chien, celle d’une demande de pardon est donc encore plus improbable.
D’un rapide coup d’œil, l’animal a très bien associé les traits un tantinet soucieux des maîtres qui scrutent leur intérieur en rentrant, avec les cris, menaces (et coups parfois) qui en ont découlés en de précédentes occasions.
On le mentionne rarement, mais une seule expérience de ce type suffit déjà pour que le chien produise la même réponse, devant le moindre signe annonciateur d’une situation semblable.
Dès lors il a de façon précoce, l’habitude de reconnaître ces colères qui s’abattent sur lui de manière inégale et imprévisible quand ses maîtres rentrent, et cherche à les apaiser avec un comportement du répertoire social canin.
Les postures de soumission (déclinées en attitudes plus ou moins marquées, d’aplatissement de l’animal jusqu’au renversement sur le flanc notamment) sont dans les codes sociaux canins, destinées à signifier à l’autre sa grande vulnérabilité et son désir de ne pas entrer en conflit. Il n’est pas question dans de telles séquences comportementales entre congénères, de « demander pardon à l’autre de ses fautes ! » mais bien simplement de l’inviter au calme.
Si faire une mauvaise lecture du comportement d’un chien (c’est-à-dire l’interpréter de manière erronée) pouvait ne pas avoir d’incidence fâcheuse, il n’y aurait pas lieu de se plaindre de l’anthropomorphisme*.
Mais mal interpréter les conduites de son animal entraîne forcément des réponses inappropriées des maîtres. Penser que son chien est retors et vengeur conduit rapidement à vouloir le sanctionner, alors que ce dont il aurait besoin serait d’être compris dans sa détresse.
D’incompréhensions mutuelles en réponses inadaptées, c’est l’échec de la communication jusqu’à parfois la rupture de la relation, si l’on ne pense pas alors à demander l’aide d‘un spécialiste du comportement.
* Anthropomorphisme : attribuer des réactions humaines à l’animal