Je dirais que la faculté de supporter la solitude, qu'on attend aujourd'hui de beaucoup de nos chiens, n'est déjà pas quelque chose de naturel en soi. Un chien est à mon sens bien plus heureux pendant le temps passé avec nous que le temps passé à nous attendre.
La faculté à rester seul doit ensuite dépendre de deux choses, l'inné et l'acquis.
L'acquis, ça va être l'apprentissage de la solitude qu'on prendra le temps de faire, dédramatiser les départs du maître, essayer de rendre le moins désagréable le temps d'absence.
Mais cet enseignement acquis sera plus ou moins réussi en fonction des capacités du chien à assimiler cet enseignement, et là on vient sur l'inné.
Les races de chiens ont toutes été créées pour une fonction, que ce soit celle de simplement tenir compagnie à leur maître à la protection de troupeaux, et on a par la sélection perpétué un certain nombre d'atavismes et de traits de caractère destinés à bonifier le chien dans la fonction qu'on lui donnait.
Pour moi, sur le papier, les chiens les plus enclins à supporter quelques heures de solitude dans la limite du biologiquement raisonnable seraient les protecteurs de troupeau et gardiens de propriété ainsi que certains primitifs chasseurs.
Si tu veux parler spécifiquement du BBS, oui, il est sensible, mais ce n'est pas là son plus gros défaut dans le cadre de cet apprentissage. C'est surtout l'attachement au maître pour moi, hérité de son passé de chien de travail pour lequel on a valorisé la proximité et la dépendance à son conducteur, qui fait qu'il risque de ne pas sagement t'attendre sur le canapé, mais plutôt s'employer à en faire de jolis confettis pour substituer à son angoisse d'avoir été laissé à la maison.
La réussite de l'apprentissage de la solitude dépendra donc pour moi de ces deux facteurs, et de l'intelligence qu'aura le maître à doser entre les deux, et donc à se tourner vers une race, et on le répète assez, le plus compatible possible avec le mode de vie qu'on va lui imposer.
Et sans compter qu'un élément essentiel de l'apprentissage de l'absence va être lié à la satisfaction des besoins du chien pendant le temps de présence (chien fatigué = chien content).