Depuis septembre, les enquêteurs avaient une animalerie dans le collimateur. 73 chiots ont été placés sous main de justice.
Les chiots étaient présentés comme âgés de 14 semaines et plus. Des indications non-conformes.
Illustration archives La Provence
Pour une famille qui pousse les portes d'une animalerie, pleine d'enthousiasme, ravie de venir adopter le p'tit dernier de la maison, impossible de savoir que le bébé bouledogue ou labrador présenté comme âgé de 14 semaines, passeport à l'appui, s'il vous plaît, n'en a que 10
... Et pourtant.
Cette animalerie réputée du pays d'Aix, une enseigne qui a pignon sur rue depuis au moins une douzaine d'années, avait trouvé la parade: faire venir en France des chiots de toutes races nés en Hongrie, les présenter comme âgés de 14 semaines et plus (l'âge minimum réglementaire, notamment pour que les vaccins aient fait leur effet), et les proposer à la vente comme si de rien n'était.
Une saisie de 73 chiots
"Si ce n'est qu'au fil de l'enquête, partie de signalements et de plaintes émanant de clients trompés, on a établi que ces animaux étaient parfois âgés de 7semaines, et qu'ils étaient plus souvent malades que la moyenne", glisse un gendarme de la brigade des recherches d'Aix, qui a longuement oeuvré sur ce dossier. Des mois d'investigations, avec le renfort de la Brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires, ont abouti à une grosse opération de contrôle dans cette animalerie, voilà quelques semaines. Et à la saisie de 73 chiots.
"La moitié des chiots, non-protégée contre la rage"
Tous ces petits bergers malinois, cockers, bouledogues, boxers, chihuahua
sont aujourd'hui placés sous main de justice, en attendant une décision du parquet. "Des prélèvements sanguins ont été effectués sur les chiots, et il s'est avéré que la moitié est considérée comme non-protégée contre la rage", ajoutent les militaires. L'intérêt, pour l'animalerie, c'était simplement d'investir à moindre coût pour ces chiots très jeunes, parfois âgés de 7 semaines, et donc non conformes. Et surtout, moins chers.
Autant dire que le bénéfice était substantiel. "Ils étaient achetés entre 175 et 500€ à un négociant en Hongrie, puis revendus jusqu'à 1500€ ici", poursuivent les enquêteurs. Par ailleurs, quand une épizootie se déclare en France, c'est souvent par importation d'animaux de l'étranger. Les investigations devraient se poursuivre dans le cadre d'une information judiciaire. Signe que depuis quelques années, de tels comportements sont pris très au sérieux par la justice et les enquêteurs qui n'hésitent d'ailleurs pas à se spécialiser.
Sèverine PARDINI (spardini@laprovence-presse.fr)