Adieu mon p'tit-père

Fox75016
Fox75016

Bonsoir, 

J'ai besoin d'écrire ma douleur, alors je le fais sur ce forum. Ce soir, c'est la 3e nuit que je vais passer sans la chaleur et la douceur de mon compagnon de route, Juk. 

Juk nous a quitté mercredi, à l'aube de ses 11 ans, et c'est mon univers qui s'effondre, à nouveau. Parce que Juk était le chien de l'amour de ma vie, partie elle aussi il y a presque un an. Juk m'a en effet accompagné durant 5 ans, d'abord dans la difficulté mais aussi la joie de la maladie et de la fin de vie, puis il a été mon merveilleux compagnon de deuil durant un an, mon soutien affectif indéfectible, mon calmant, ma raison de vivre. 

Le perdre est donc non seulement perdre un être exceptionnel dans ma vie, mon petit amour de chien, mais aussi, celui qui m'avait petit à petit sorti de ma détresse, en me forçant à sortir, à voir du monde et à être là, comptant sur moi pour prendre soin de lui. Et il aura été aussi mon support à souvenir d'une période particulière de ma vie, accompagnant la fin de vie, puis le deuil. Une relation unique, qui s'est terminée, dans mes bras mercredi matin, dans des sanglots que je n'avait pas versés depuis plusieurs moi. Tranquillement, sans réaction, ou à peine, mon petit amour est parti, et depuis, le vide et la solitude se sont refermés sur ma vie, m'emprisonnant dans le regret d'un univers disparu.

Tout a été si brutal. Biensur, Juk 10 ans, fox n'était pas en bonne santé. Il a hérité d'une santé précaire. Depuis tout petit, atteint de dermatite, Juk se gratte sans arrêt, allant jusqu'à se mordre et d'arracher les poils. Sa peau surréagit à tout, sans trouver la cause exact de ces réactions. Il produit beaucoup trop de sébum, ces derniers mois, en rentrant de promenade, il avait des poussées de sébum, tellement fortes qu'on aurait dit qu'il transpirait. Trempé mon loulou, et avec le poils qui jaunissait. J'étais obligé de le doucher tous les 3 jours, pour nettoyer sa peau et ses poils, gras de sébum et tenter d'enlever ses croutes et peaux mortes, dues à son hyperkhératose. On avait essayé, en allant voir un spécialise en dermatologie vétérinaire, essayé différents traitements. Mon amour avec sa peau qui le démangeais et souvent ses yeux coulants et ses oreilles embouchées.

Juk avait été acheté par une jeune fille qui souhaitait devenir toiletteuse et faire de ce chien, un faire-valoir de son travail. Alors Juk a été élevé à la dure, en apprenant à ne pas bouger pour se faire coiffer. Ce petit chéri n'était pas aimé. Pas élevé. Ils ne sortait pas de son petit jardin et de sa maison, il ne recevait pas d'affection. Heureusement, il avait des compagnons chiens, mais Juk souffrait d'un manque d'affection et d'éveil. Sa maitresse se désintéressa de lui et une autre personne au foyer tenta d'en prendre soin. Mais handicapée, cela devenait trop difficile. Puis au décès de cette personne, nous avons récupéré Juk. Il avait 6 ans déjà. Un p'tit père craintif, qui se cachait derrière les meubles et qui ne savait pas sortir en laisse, effrayé par le moindre bruit de moteur.

Au fil des mois, puis des années, il a pris confiance. Il a commencé à bien m'identifier comme maitre. Alors il a commencé à apprécier les sorties, et à ne pas rester seul. Mon petit chéri a continué son bonhomme de chemin. Jusqu'au décès de sa maitresse et une nouvelle vie parisienne avec moi, qui l'ai emmené partout où il n'avait pas été et notamment à la mer, à la montage.

Petit chéri qui a découvert la mer au mois d'avril. Et était excité comme une puce, à courir partout en aboyant, lui pourtant qui nous avait habitué à son flegme et sa constance.

Une année à tenter de le choyer, en limitant mes absence pour le travail et en le chouchoutant, m'aidant moi-même à sortir de ma torpeur existentielle.

Pour le dernier Noël et nouvel an, Juk aura été mon seul compagnon. Evidemment, son état m'interrogeait. Gros dormeur, la peau abimée, un début de cataracte, un énorme kyste peut-être cancéreux, mais que les véto ne voulaient pas l'opérer à cause du risque d'infection de sa peau. Il avait également des crises d'épilepsie. Mais pour moi, je le voyais juste vieillir tout doucement. 

Et puis mardi, rien d'inhabituel, une promenade courte mais efficace, la queue bien droite, le levé de pate parfait pour faire pipi, des reniflements, bref a priori, rien à signaler. Le soir pourtant, je le trouve amorphe, et commença a avoir une respiration rapide et à ne pas savoir comment se mettre pour atténuer des douleurs. Je le laisse dans le canapé, mais au milieu de la nuit, il parvient à me rejoindre et je l'aide à le monter au lit, car il adore son lit et sa couette. 

Le lendemain matin, je le trouve haletant, et je le porte à bras pour le sortir, il fait son pipi sans lever sa pate puis se couche directement au sol. Je commence à m'inquiéter sérieusement. Je me rends donc chez le véto à l'ouverture, Juk toujours amorphe, il se laisse totalement manipuler comme absent. Son ventre fait comme des spasme et le véto remarque qu'il est dur. Surtout sa température grimpe 41 degrés. Il le perf pour l'hydrater et lui passe des antibio en attendant une échographie à 11H30, qui sous mes pleurs, décèlera une grosse tumeur au niveau du foie.

Juk aura à peine eu le temps de souffrir, la décision de l'euthanasier s'imposait, compte tenu de son confort de vie général, pas au top, de son age, et des difficultés d'une éventuelle chirurgie et chimio, sans aucune garantie de réussite. Alors le mieux à faire était de le laisser partir avant de souffrir.

Je l'ai tenu jusqu'à la fin, en le remerciant et en lui promettant de retrouver sa maitresse et ses copains. 

Ca ne fait que 3 jours mais la violence de cette perte est incommensurable. Je ne parviens pas à réaliser comment un chien, en santé plutôt bonne, en tous cas autonome, puisse partir en 12H. Comment un cancer non décelé peut se développer sans se faire remarquer, et tout d'un coup, se réveiller pour tuer.

Alors je ne sais pas pourquoi j'ai écrit ce roman, sûrement pour épancher la douleur mais aussi pour rendre hommage à mon fabuleux Juk. 

 

Si vous avez connu un effondrement de santé de vos amours en quelques heures, amenant son euthanasie, je lirai avec attention votre témoignage.

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1 réponse
Docline
Docline

Merci de partager avec nous cette vie de fox, qui a été difficile mais que vous avez su transformer pour le rendre heureux. 

Des morts-inattendues de nos chiens, beaucoup d'entre nous en ont connues, il en va des chiens comme des humains: certains départs sont lents et douloureux, d'autres rapides et surprenants, on ne choisit pas vous savez.

Vous avez été chacun un cadeau de la vie l'un pour l'autre, c'est beau, c'est ce que vous allez retenir.

Et un jour vous croiserez probablement un autre chien à qui offir le bonheur de votre compagnie.

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