Car c’est toi que j’attends, prêt à te pardonner,
A te combler de joie, du mieux que je pourrai,
Et je suis sûr, tu vois, qu’ensemble nous saurions
Vivre des jours heureux, en réconciliation.
Pour cela, je suis prêt à faire de gros efforts,
A rester près de toi, veiller quand tu dors,
Et à me contenter, même si j’ai très faim,
D’un vulgaire petit os et d’un morceau de pain.
Je n’ai jamais rien dit, lorsque tu m’as frappé,
Sans aucune raison, quand tu étais énervé,
Tu avais tous les droits, j’étais à ton service,
Je t’aimais sans compter, j’acceptais tous tes sévices.
Tu m’as mis la chaîne, où tu m’as enfermé,
Tu m’as laissé des jours, sans boire ni manger
J’ai dormi bien souvent, dans la niche sans toit,
Paralysé, raidi, tellement j’avais froid.
Pourtant si tu reviens, nous partirons ensemble,
Nous franchirons en chœur , la porte qui ressemble
A celle d’une prison que je ne veux plus voir,
Et dans laquelle, hélas, j’ai broyé tant de noir.
Voilà, mon rêve se termine, car je vois le gardien,
Puis l’infirmière, et le vétérinaire plus loin.
Ils entrent dans l’enclos, et leurs visages blêmes,
En disent long pour nous, sur ce qu’ils nous amènent.
Je suis heureux, car tu vois dans quelques instants,
Je vais tout oublier, et, comme il y a deux ans,
Je m’endormirai sur toi, mon cher et grand ami,
Je dormirai toujours grâce à l’euthanasie.
Et s’il t'arrive un jour de penser à moi,
Ne verse pas de larmes, ne te prends pas d’émoi,
Pour toi, je n’étais qu’un chien, tu préférais la mer,
Tu l’aurais su avant, j’aurais payé moins cher.
A vous tous les humains, j’adresse une prière,
Me tuer tout petit aurait peiné ma mère,
Mais il eût mieux valu, pour moi, cette manière,
Et vous n’auriez pas eu, aujourd’hui, à le faire.
Texte de Gilbert Dumas.