Val de Saône. Coïncidence troublante. Chaque mercredi du mois de février, un ou plusieurs chiens ont été empoisonnés dans les jardins de leurs maîtres, par une substance qui n’a toujours pas été identifiée. Le tout dans le petit périmètre de Reyrieux-Jassans-Frans. Sept chiens ont été touchés, deux sont morts.
Le 22 février aurait dû être un mercredi comme un autre pour les C.........., habitants de Reyrieux. Daniel a nourri Myrtille, le chien de la famille, « à l’extérieur, vers 16 heures », puis l’a fait rentrer, comme d’habitude à la maison.
Dès 18 heures, le croisé braque-labrador de deux ans « a commencé à convulser, à se jeter contre le mur, en faisant des bonds de plus d’un mètre ». L’animal, d’ordinaire si doux, « a même mordu Daniel », explique Brigitte, sa femme, la gorge nouée.
Immédiatement transportée chez le vétérinaire de Trévoux, Myrtille ne s’en sortira pas. « Le lendemain, elle était morte. Sa température atteignait les 43 °C, impossible de la faire baisser, elle a fait une crise cardiaque », déplore Brigitte. Depuis, éplorée, elle suit un traitement pour se remettre de la mort de « mon binôme de cœur et de travail ». Brigitte s’occupe en effet d’éducation canine.
Mais ce qui a marqué le couple, c’est la petite phrase du vétérinaire à l’arrivée de leur chienne : « Encore un », s’est-il exclamé.
Le verdict tombe, l’animal est mort à la suite d’un empoisonnement. Et surtout, il n’est pas le seul dans ce cas. « Renseignements pris, j’ai pu retracer un historique des situations similaires dans le coin. »
L’empoisonneur ne frappe que les mercredis
Tout aurait commencé le 8 février, un mercredi également… Un braque de 9 mois est transporté d’urgence chez le vétérinaire de Jassans. Il convulse et ses propriétaires pensent à une crise d’épilepsie. Sauf qu’« à peine quinze minutes plus tard, c’est un pinscher qui était admis à la clinique, présentant les mêmes symptômes, développe Brigitte Corcelette. Plus de doute, c’est un empoisonnement. Le braque s’en sort, mais il est dans un état pitoyable ». Quant au petit chien, il décède dans de terribles souffrances.
Le début d’une trop longue série
La série noire de « l’empoisonneur » ne s’arrête pas là. Le 15 février, c’est au tour des Renard et de leurs chiens d’en être victimes. « Nous avons cinq fox terriers, de 5 mois à 10 ans, mais ils vivent avec nous. Nous ne les laissons pas traîner dehors, ils n’embêtent personne », se sent presque obligée de préciser Véronique. Il est vrai que parfois, lorsqu’un animal est empoisonné, les commérages vont bon train, car il s’agit parfois de vengeance envers les maîtres…
Après une balade et un repas, la petite, Glenlara, a vomi et convulsé. « On a foncé chez le véto de Jassans, le plus proche. La secrétaire n’a pas eu l’air étonné, elle a même dit « un de plus ». Sur le moment, nous n’avons pas compris. » La chienne est perfusée, et plongée dans le coma. Le vétérinaire confirme l’empoisonnement. Mais de retour à la maison, c’est le mâle de 10 ans, Tango, qui est saisi de tremblements. L’œil vague, « il était comme drogué ».
Rebelote, le fox va rejoindre la petite chienne à Jassans. Le lendemain matin, alors que ses deux chiens sont dans le coma, Véronique découvre qu’Awlie, une troisième de ses chiennes, a du sang dans la gueule. Également empoisonnée, elle a dû avoir des spasmes nocturnes et s’est gravement abîmée la langue. Nouvel aller-retour chez le vétérinaire…
Le 29, un autre cas est recensé, c’est une voisine des Corcelette, à Reyrieux. Cassandra, un labrador, passe deux jours en clinique et survie de justesse.
Pour la plupart, les bêtes s’en sont sorties, mais les propriétaires vivent maintenant dans la peur. Peur que cela se reproduise, peur pour certains d’être directement visés, à travers leurs animaux domestiques.
Un début de piste ?
Le vétérinaire de Cassandra semble avoir trouvé un commencement de preuve concernant le poison utilisé. Apparemment, comme l’avaient constaté ses collègues, ce n’est pas de la mort-aux-rats. Classique pourtant indétrônable de la panoplie du parfait petit empoisonneur. En revanche, Cassandra aurait réagi positivement au traitement contre la strychnine… On se croirait presque dans un polard à la Agatha Christie.
Et pour ceux qui estimeront que cette histoire fait beaucoup de bruit pour rien, est-il utile de rappeler que si des chiens peuvent ingérer des boulettes jetées dans un jardin, « des enfants en bas âge le peuvent aussi », termine Brigitte
Amandine Robert avec Claude Trassard notre correspondant local