22.05.12 à 05h26 Bouxières-aux-Dames (54) : 62 chiens dans la cuisine
La gendarmerie de Frouard a mis au jour un élevage clandestin de « russkiy toy » dans un pavillon de Bouxières-aux-Dames, près de Nancy. Ces bêtes de concours se vendent jusqu’à 1.200 € sur internet.
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62 chiens dans la cuisine à Bouxières-aux-Dames (54).
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338 chiens saisis en 2005 5 / 13 Depuis la rue, pas de bruit ni d’odeur. Mais dans le jardin, derrière la façade de ce vétuste pavillon de plain-pied, l’air est irrespirable. Au fond du jardin, le bac à compost, renversé, déverse une partie des excréments canins qu’il contient. Des aboiements stridents s’échappent des cages de transport pour chats qui couvrent le gazon. Leurs occupants – des « russkiy toy » – n’ont probablement jamais vu autant de monde. Et autant de lumière. Ces petits chiens de race d’origine russe séjournaient « dans la cuisine », « dans le noir » quand ils ont été découverts. « Les cages étaient empilées les unes sur les autres », précise l’un des agents des services vétérinaires qui les a sortis dans le jardin.
C’est ici, dans ce lotissement cossu de Bouxières-aux-Dames, près de Nancy, que la gendarmerie de Frouard a mis au jour un élevage clandestin de chiens. Et procédé à leur saisie hier matin dans le cadre d’une opération Codaf (Comité départementaux opérationnels anti-fraude). Au total, 62 « russkiy toy » dont 5 chiots, ont été découverts par les gendarmes de la brigade territoriale de Frouard, hier matin, en présence d’un policier municipal, des agents de la DIRECCTE (Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), de la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), de la MSA (Mutuelle sociale agricole) et des bénévoles de la SPA de Velaine-en-Haye où les bêtes ont aussitôt été conduites. Et soignées. Le vétérinaire a pu constater sur place « l’état sanitaire déplorable » de ces animaux, assaillis par les « teignes » et souffrant de la « gale » et de malnutrition. La propriétaire, d’origine russe, les vendait sur des sites de petites annonces.
Allocataire du RSA, elle vendait les chiens entre 700 et 1.000€
C’est d’ailleurs avant tout pour « travail dissimulé » que l’opération a été menée. La valeur marchande de ces bêtes de salon oscille en effet autour des 1.200 € selon l’un des gendarmes qui a mené l’enquête. Officiellement, l’éleveuse clandestine est allocataire du RSA. « Elle les vendait sur internet entre 700 et 1.000 €», précise le parquet de Nancy.
Depuis combien de temps se livre-t-elle à ce commerce ? Difficile de s’en faire idée précise : cette sexagénaire qui vit dans une demeure insalubre ne présente aucun signe extérieur de richesse. Le parquet estime pourtant que l’activité perdure depuis plusieurs années : « Ces chiens font une portée de 3 ou 4 chiots par an. Or, on en a découverts 62 »
Aux fraudes sociales et fiscales, s’ajoutent plusieurs infractions à la réglementation sanitaire sur l’élevage des animaux domestiques. « Au-delà de dix animaux, l’installation doit être déclarée. Au-delà de 50, une autorisation préfectorale est indispensable. L’élevage doit se situer dans un secteur isolé », explique un fonctionnaire de la DDPP. « Et les animaux doivent disposer de suffisamment d’espace pour se lever, se retourner… »
Si elle n’a pas fait l’objet d’un placement en garde à vue, la propriétaire sera convoquée ultérieurement devant le tribunal correctionnel de Nancy. Le parquet étudie également la possibilité d’engager des poursuites pour « mauvais traitement à animaux ». Mais il n’est pas certain que « cette femme qui vit seule dans des conditions difficiles » ait intentionnellement commis ce délit. Hier, pendant la saisie, elle voulait surtout identifier celui qui avait renversé son « bac à compost ».