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"Evaluer le bien-être d’un animal sans en avoir, c’est impossible" : un vétérinaire donne les clés pour mieux comprendre son animal

Visuel avec un chaton sur la tête d'un chien et des logos "love" et "câlin" autour Visuel avec un chaton sur la tête d'un chien et des logos "love" et "câlin" autour

Le bien-être des animaux est fondamental afin de satisfaire tous les besoins de nos compagnons à quatre pattes. Malade, douloureux ou en bonne santé, il est important d’être attentif à leur comportement. Nous avons eu la chance de rencontrer le Dr. vétérinaire Thierry Bedossa pour parler avec lui de la notion de bien-être animal. 

La rédaction

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Comment pourriez-vous expliquer les fondements du bien-être du chien et du chat à des personnes qui adoptent un animal pour la première fois ?

C’est impossible. Seules les personnes qui sont nées dans un environnement avec des animaux, qui ont eu une certaine promiscuité avec eux et qui ont été habitués à les observer pourront les appréhender. C’est le cas des paysans ou d’une vie en contact quotidien avec des animaux. À force de les observer, on acquiert un niveau d’expérience, car on a vu des choses et on est certainement plus connaissant.

Par exemple, quand on lâche un étudiant en doctorat d’éthologie (science qui étudie le comportement animal), les superviseurs veillent à ce que le doctorant ait au moins 1000 heures de familiarité avec l’espèce qu’il étudie. Chose qui pose problème chez les étudiants vétérinaires qui n’ont pas d’animaux et qui se destinent à devenir praticiens canin et félin.

S’ils ne voient pas de portées, s’ils ne connaissent pas les comportements sociaux parce qu’ils ne vivent pas avec des chiens ou des chats, ils ne pourront jamais être connaissant malgré tous leurs cours. Ils ne verront que les animaux en clinique vétérinaire et dans des situations de stress.

Donc quelqu’un qui n’a jamais eu d’animal et qui n’a aucune expérience est incapable d’évaluer seul le bien-être d’un individu qu’il accueille chez lui.

Où les gens peuvent-ils trouver des informations de qualité concernant le bien-être de leur animal ?

Dans le cadre de l’organisation actuelle de la possession d’un animal de compagnie, un propriétaire va pouvoir trouver de la ressource auprès des éleveurs, des associations de protection animale, des vétérinaires et du personnel de la clinique vétérinaire.

Que penser du certificat de sensibilisation évoqué dans la proposition de loi pour lutter contre la maltraitance ?

L’information ne nuit jamais. Ça ne sera jamais suffisant, mais ça va dans le bon sens.

Des études ont montré que le bien-être des animaux était une préoccupation importante aux yeux des Français. Est-ce quelque chose que vous constatez dans vos différentes activités (consultations, refuge, etc.) ?

Je constate dans toutes mes différentes activités qu’il y a une volonté de moins contribuer à la maltraitance animale.

Mais la réalité c’est que la maltraitance animale est massive. Chaque année, on tue 1 milliard d’animaux terrestres pour les manger et 850 millions d’entre eux sont en élevage intensif.

Ensuite, ils vont à l’abattoir central, ils sont dans un état d’effroi et de terreur. Chaque année on tue 4 millions d’animaux pour l’expérimentation animale, ce sont des conditions de détention qui ne sont bien souvent pas de grande qualité.

Chaque année, on élève environ 30 millions d’animaux de notre faune sauvage. Ils sont relâchés pour qu’on leur tire dessus le jour même.

Concernant les animaux aquatiques, je crois que 3 millions sont tués chaque jour pour l’élevage.

La maltraitance des animaux est donc massive en France et elle est complètement occultée par le gouvernement. Elle est d’ailleurs cautionnée par tous ceux qui mangent de la chaire sans se soucier des conditions d’élevage et d’abattage.

Les poussins de un jour, mâles, sont broyés vivants, donc la maltraitance est massive et il ne faut pas se cacher derrière l’écran de fumée de la loi contre la maltraitance qui laisse croire aux Français que tout va s’améliorer. Rien n’est fait pour le moment.

Crédits photo : Thuwanan Krueabudda / Shutterstock

Tous ceux qui dénoncent la maltraitance et vont faire des vidéos dans les abattoirs par exemple ont la gendarmerie nationale et la Direction de Surveillance des Territoires sur le dos.

Hormis certaines communes engagées pour le bien-être animal, beaucoup continuent à empoisonner les rats avec des anticoagulants. C’est cruel, c’est une souffrance sans nom pour les animaux, le rat agonise pendant des jours et des jours.

Est-ce que vous constatez une différence entre les chiens et les chats ? Les propriétaires de chiens sont-ils plus concernés par le bien-être de leur animal que les propriétaires de chats ?

Non, il y a des propriétaires qui veulent s’informer et qui sont éminemment bienveillants et il y en a d’autres qui ne le sont pas. Ça n’est pas lié à une espèce en particulier, c’est plus lié à l’humain.

Selon vous, est-ce qu’il est plus facile de satisfaire les besoins fondamentaux d’un chien que celui d’un chat ?

Non, chaque animal est un individu, le réduire à des besoins d’espèces est une erreur énorme. Certains chats vont adorer vivre dans un appartement et ne souffriront jamais de ne pas pouvoir sortir et auront une relation privilégiée avec un humain qui prend énormément soin d’eux, qui est connaissant et d’autres ne sont pas du tout dans cette situation-là. C’est donc en fonction de chaque individu.

En consultation, êtes-vous souvent confrontés à la douleur physique des chiens et des chats (comme l’arthrose par exemple). Comment faites-vous pour repérer cette souffrance ?

Au quotidien un vétérinaire reçoit effectivement des individus d’un certain âge et avec l’âge vient la dégénérescence articulaire, l’inflammation des articulations comme l’arthrose et l’arthrite. Pour un vétérinaire c’est le b.a.-ba de détecter l’arthrose et d’y apporter ce qu’il pense être la meilleure réponse.

À chaque fois, c’est individu par individu et la réponse n’est jamais la même en fonction des individus. Par exemple, pour un chien d’un certain âge qui a de gros problèmes d’arthrose et un poids excessif, le mieux pour lui sera de le faire mincir.

Est-ce que les propriétaires viennent en consultation inquiétés par les douleurs de leur animal vieillissant ou bien est-ce vous qui les interpellez sur le sujet ?

Cela va dépendre du propriétaire selon sa vigilance, sa connaissance et sa bienveillance.

Certains propriétaires vont aussi énormément être affectés par ce qu’on leur dit quand leur chien marche dans la rue et que leur chien est boiteux. Certains vont se soucier énormément de ce que l’on pense d’eux et c’est ce qui peut les amener à consulter.

Il m’est arrivé d’avoir un propriétaire qui me demandait d’euthanasier un chien qui n’était pas en souffrance particulière tout simplement parce que tout le monde lui disait que son chien boitait et lui demandait si son chien souffrait. Il n’en pouvait plus, à chaque fois que je le voyais il voulait que j’euthanasie son chien, mais à chaque fois que je voyais l’animal, il n’était pas en douleur aiguë et ne souffrait pas plus que ça.

Il a finalement été consulter un autre vétérinaire qui l’a euthanasié. Je n’oublierai jamais ce cas.

Comment soulager les douleurs articulaires au quotidien ?

Il est important de toujours surveiller le poids de son animal. Il faut bien s’assurer que le chien, le chat ou même le lapin qui souffre d’arthrose n’est pas en surpoids.

Il faut veiller à lui donner le plus de confort possible. Pour les chiens il existe des matelas qui épousent les formes ou même des matelas chauffants ; Pour les chats, il y a des grosses polaires ou des couvertures ; Pour le lapin, mettre un tas de paille suffisamment épais.

Crédits photo : Olena Yakobchuk / Shutterstock

Il faut augmenter le niveau de confort et faire attention à la quantité d’exercice que son animal est capable d’effectuer et ne jamais le mettre sans sa zone rouge. Il faut toujours lui donner un exercice constant mais raisonnable. On évite donc de donner un exercice très limité un jour puis excessif le lendemain.

Il faut privilégier une approche hygiénique et ensuite proposer des compléments alimentaires.

Néanmoins, il existe aussi des solutions comme l’injection d’acide hyaluronique, de cellules souches ou de plasma enrichi en plaquettes, mais ces traitements doivent être étudiés avec l’aide d’un vétérinaire.

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