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Grâce à ces chiennes médiatrices, des malades psychiatriques réapprennent à sourire

chiennes hopital psychiatrique © Céline Courbet

Céline Courbet est infirmière au Centre Hospitalier Esquirol de Limoges depuis 13 ans. Amoureuse des animaux, elle s’est investie dans un projet de médiation animale avec des chiens en milieu psychiatrique. Elle a accepté de livrer son expérience à la rédaction de Wamiz.

Par Elisa Gorins

Publié le

Aussi passionnée par son travail d’infirmière que par les animaux, Céline Courbet n’a pu que sauter sur l’occasion lorsque deux psychiatres du Centre Hospitalier Esquirol ont initié, avec l’accord de la direction, un projet de médiation animale. Instauré dans une unité traitant les troubles anxiodépressifs, le projet s’est vu incarner par Izy, une femelle Golden Retriever de deux mois, adoptée par l’une des psychiatres. Céline Courbet n'a pas hésité à demander sa mutation et a commencé à travailler avec Izy de façon irrégulière.

« Les débuts avec elle ont été source de stress car Izy est la chienne de la psychiatre et non la mienne. Or, c’était bien avec moi qu’elle allait devoir travailler. Il a donc fallu qu’on s’apprivoise qu’on apprenne à se connaître », raconte Céline Courbet. « J’ai alors suivi les séances d’éducation, avec l’éducateur canin qui s’était porté volontaire pour nous transmettre son savoir sur l’éducation de base. J’ai passé beaucoup de temps avec elle en dehors de mon temps de travail, beaucoup de jeu et de complicité afin de renforcer notre lien indispensable pour la pratique de la médiation animale ». Au fil du temps, Izy s’est « très bien adaptée au fait d’avoir plusieurs référents, elle a très vite fait la différence entre la vie de famille et la vie à l’hôpital. Elle vient au travail avec beaucoup d’envie et d’enthousiasme », confie Céline Courbet.

Deux chiennes complémentaires à l’écoute des patients

Peu de temps plus tard, l’hôpital a fait le choix de créer un poste d’infirmier spécialisé et dédié à la médiation animale. Céline Courbet a saisi cette opportunité pour étendre la médiation animale à toutes les unités de psychiatrie pour adultes du Centre Hospitalier. Mais pour Izy, les choses se sont compliquées : « La charge de travail d’Izy a augmenté considérablement en peu de temps. Cela a engendré chez elle de la fatigue, une baisse d’envie et même des boiteries », avoue Céline Courbet.

Pour soulager Izy dans sa tâche, l’infirmière a alors demandé à sa direction d’emmener sa propre chienne, Véga, une croisée Boxer-Border Collie avec qui elle pratique le canicross et le cani-VTT. Une chienne qui « réunit toutes les qualités requises pour faire un bon chien médiateur : à l’écoute, très démonstrative et très affectueuse avec tout être humain ».

Du haut de ses 7 ans, Véga a ainsi intégré l’hôpital en juin 2017. D’une chienne née à la SPA, elle est devenue chienne médiatrice. « Véga a reboosté Izy, elle lui a redonné l’élan qu’elle avait perdu. Leur complémentarité me permet de travailler avec l’une ou l’autre selon le patient pris en charge et les objectifs à atteindre », relate Céline Courbet.

Se connecter avec le présent

Concrètement, les chiennes travaillent individuellement ou toutes les deux, avec un seul patient à la fois ou bien en groupe. « La plupart des séances se déroulent en extérieur dans le grand parc arboré de l’établissement. On s’y promène, on y joue, on observe l’environnement et les attitudes des chiens. C’est un temps où on essaie de « lâcher prise », d’être dans le présent, cela permet de se décentrer temporairement des préoccupations et des ruminations. Durant ses séances les chiennes permettent de stimuler les patients à une activité physique, de favoriser l’estime de soi. Ce peut être aussi un temps de verbalisation dans un contexte différent des entretiens dans les services. Ces séances, prescrites médicalement, sont complémentaires à la prise en charge classique ».

Lorsque la météo ou la santé du patient ne permet pas de sortir, les séances se déroulent en intérieur, sous forme d’activités telles que des séances d’éducation ou de toilettages. L’intervenante en médiation animale peut également proposer aux bénéficiaires des ateliers de créativité ou de stimulation cognitive en présence de l’animal au repos.

Le chien permettrait-il de combattre le suicide ?

S’opère alors une sorte de magie : « les chiennes créent du lien entre les gens, entre les patients et les soignants, et entre les patients entre eux aussi. Elles apportent de la gaité dans un univers stigmatisé. Elles ont permis à certains de sortir enfin de leur chambre qui leur servait de refuge, et à d’autres d’être moins sur la défensive. Elles ont aidé certains à de nouveau sourire, de nouveau parler, même parfois elles en ont aidé à pleurer. »

Et de poursuivre : « Elles ont aidé quelques patients à avoir une meilleure estime d’eux-mêmes, à reprendre confiance en eux mais aussi avoir confiance dans l’équipe soignante qui les accompagne. Elles ont même parfois aidé des patients qui voulaient mourir à de nouveau percevoir du positif dans leur vie. Elles en stimulent beaucoup à prendre soin d’eux, à accepter de se soigner pour retourner chez eux et s’occuper de leurs propres animaux qui leur manquent », témoigne Céline Courbet.

Et quelquefois, leurs bénéfices s’étendent au-delà des murs du Centre Hospitalier : « Certains, en sortant de l’hôpital, ont retrouvé une utilité dans la société en devenant bénévoles dans les refuges animaliers ».

Des interactions facilitées dans le respect du chien

La présence des chiennes est un véritable atout pour le travail de la soignante : « La médiation animale permet la mise en relation entre le soignant et le soigné tout en permettant aussi une distance thérapeutique. L’animal peut palier notre incapacité de combler un certain manque affectif dont souffrent beaucoup de patient. Le contact avec l’animal, le chien en particulier, favorise la spontanéité et l’authenticité des interactions ».

Bien que leur mission soit des plus importantes et leur permette d’être socialisées et stimulées, les chiennes ont également leurs propres besoins. Céline Courbet assure qu’ils sont respectés : « elle ont des temps de repos conséquents de la journée, ce qui permet une mise au calme loin de toutes stimulations ». Et d’ajouter : « Je me soucie évidemment de leur bien-être car le projet en dépend, et en aucun cas je ne pratiquerai ce soin au détriment de la santé physique ou psychologique des chiennes ». Aussi, Céline Courbet n’hésite pas à « stopper toute activité dans laquelle je sens les chiennes en situation d’inconfort ou en danger ». A leur écoute, elle adapte ses séances en fonction d’elles et tient à passer du temps pour leur parler, les caresser et jouer avec elles en toute intimité, sans patients.

Aujourd’hui, alors que la médiation animale se développe de plus en plus en France, elle demeure rare dans les structures hospitalières et notamment en milieu psychiatrique où l’on ressent un certain blocage. Pourtant, pour Céline Courbet, « l’expérience du Centre Hospitalier Esquirol prouve que la mise en place d’un tel projet est possible et bénéfique à condition qu’il soit porté par des professionnels impliqués, motivés et formés à la médiation animale ».

> La rédaction de Wamiz remercie chaleureusement Céline Courbet pour son beau témoignage ! Si vous aussi, vous avez vécu une histoire particulière avec les animaux que vous voudriez raconter, écrivez-nous à edito@wamiz.com !

A lire aussi : Les bienfaits des animaux de compagnie pour les humains en une infographie !

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2 commentaires
Jen84
Jen84
CES CHIENNES ONT VRAIMENT DE BONNES BOUILLES! SOURIANTES ET ATTACHANTES! ON A ENVIE DE LES APPROCHER POUR MIEUX LES CONNAITRE❤
Lauriane Jehl
Lauriane Jehl
C'est magnifique ce que font ces chiennes!! Lors de mon stage chez un vétérinaire, l'assistante m'a parlé de son projet pour faire de la méditation animale avec ses poneys, c'est vraiment magnifique
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