L’expérimentation animale en chiffres
11.5 millions d’animaux sont utilisés par les laboratoires des Etats membres de l’Union européenne à des fins expérimentales et d’autres fins scientifiques. Les animaux les plus utilisés par les laboratoires sont :
- Les souris (60.9%)
- Les rats (13.9%)
- Les animaux à sang froid (reptiles, amphibiens, poissons) (12.5%)
- Les lapins (3.12%)
- Les chevaux, ânes, porcins, caprins, ovins et bovins (1.2%)
- Les carnivores dont les chiens et les chats (0.25%)
La France est malheureusement championne dans le domaine de l’expérimentation animale en Europe. Plus de 2 millions d’animaux y sont tués chaque année (chiffres du 7ème rapport de la Commission européenne sur les statistiques sur les animaux utilisés à des fins expérimentales et scientifiques) dont :
- Des souris (1.3 million)
- Des animaux à sang froid (357 000)
- Des poissons (354 000)
- Des rats (253 000)
- Des lapins (126 000)
- Des chiens (3 000)
- Des primates (1 810)
- Des chats (569)
A quoi servent les animaux utilisés ?
La plupart des animaux utilisés par les laboratoires européens servent à la recherche dans les études de biologie fondamentale, de médecine humaine et vétérinaire ainsi que de dentisterie. Certains animaux sont utilisés dans des essais toxicologiques, d’autres permettent d’évaluer l’efficacité et la sécurité de certains produits, médicaments, vaccins, etc. Il convient cependant de rappeler que cette science n’est pas infaillible : plusieurs tests ont prouvé qu’ils pouvaient être efficaces sur l’animal et se montrer inefficaces (ou avoir des effets secondaires) sur l’homme.
Au nom de la science, certains animaux – dont des chiens – servent également de « témoins » dans le cadre du protocole « histoire naturelle ». Il s’agit de laisser la maladie évoluer chez l’animal, sans recherche.
Autrefois, les animaux servaient également à l’industrie cosmétique mais en 2013, la Commission a adopté une Communication concernant l’interdiction de l’expérimentation animale et l’interdiction de mise sur le marché dans le secteur des cosmétiques. Depuis lors, l’expérimentation animale dans ce secteur ainsi que la commercialisation de produits finis ou de produits dont les composants ont été testés sur des animaux sont interdites au sein de l’Union européenne.
Toutefois, des tests sur animaux peuvent être toujours pratiqués pour garantir l'absence de risques environnementaux et la sécurité des travailleurs qui y sont exposés dans le processus de fabrication (loi REACH, entrée en vigueur en 2007). C'est la raison pour laquelle les tests sur animaux perdurent dans le secteur cosmétique.
Médiatisation et éveil des consciences
De la même manière que l’association L214 a largement contribué à faire connaître au grand public la réalité de l’industrie de la viande, il existe une association qui, elle, dénonce l’expérimentation animale : Animal Testing. Le mode opératoire de ces deux associations est le même : la vidéo. Il s’agit généralement de filmer en caméra cachée ce que les médias ne montrent jamais. C’est en tout cas ce que fait Animal Testing. L’association s’est notamment fait connaître en décembre 2016, juste avant le Téléthon, en diffusant, avec Peta, la vidéo choc de chiens utilisés dans le laboratoire de Neurobiologie de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort, dans le cadre de la recherche sur les myopathies. Une recherche financée en partie par l’argent récolté par la célèbre émission :
A travers cette vidéo, reprise par de nombreux médias, l’association Animal Testing cherchait à dénoncer « le manque de transparence vis-à-vis des donateurs ». La présidente de l’association nous confiait alors : « On n’est pas contre le Téléthon, mais on appelle à la transparence afin que les donateurs sachent où va leur argent. » Les réactions ne se sont pas faites attendre : « si j’avais su, je n’aurais pas donné », déclaraient de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.
La diffusion de la vidéo d’Animal Testing a permis d’éveiller les consciences et de mettre des images sur ce terme barbare et abstrait d’ « expérimentation animale », notamment en ce qui concerne l’utilisation des chiens que beaucoup ignoraient. Aujourd’hui, d’après un sondage effectué sur Wamiz, 80% des personnages interrogées sont favorables à l’interdiction totale de l’expérimentation sur tous les animaux.
Mais alors, pourquoi l’expérimentation animale perdure-t-elle et jusqu’à quand ?
Pour la présidente d’Animal Testing, le problème vient d’un « refus d’entrer dans le débat moral : les scientifiques n’ont pas de ligne d’argumentation. Ils ont toujours fait comme ça, alors leur modèle ne peut pas être remis en question », explique-t-elle. « Il y a un faisceau de raisons souvent combinées : aversion au changement, besoin de publier, subventions attribuées à la recherche sur les animaux, méconnaissance des méthodes substitutives aux animaux, ou conditionnement par la formation des chercheurs... Mais combien de chiens ont été sacrifiés, en 30 ans, et pour quelles avancées ? »
Pourtant, plus d’une fois, la Commission européenne a fait part de sa volonté d’encourager le développement de méthodes de substitution (cultures de cellules, de tissus, d’organes, recours à des micro-organismes, biologie moléculaire, études de tissus post-mortem, simulation informatique, études statistiques et épidémiologiques sur les populations, recherche clinique sur des patients volontaires, dissection virtuelle, etc.). Dans sa réponse à l’initiative citoyenne européenne « Stop Vivisection » (qui demande le renoncement progressif à la pratique de l’expérimentation animale), la Commission évoque ainsi « l’objectif final que constitue le remplacement total des expérimentations animales ».
Mais la Commission rappelle aussi que « les études expérimentales sur les animaux ont toujours été indispensables pour mettre au point des méthodes de prévention et de limitation des maladies humaines et animales et ont contribué à améliorer la santé publique et la qualité de la vie et à allonger l’espérance de vie ». Ainsi, « la directive énonce que l’objectif final est l’élimination progressive de l’expérimentation animale, mais elle reconnaît que l’utilisation d’animaux reste nécessaire pour parvenir à la réalisation de cet objectif. »
Affirmant que « pour le moment, l’expérimentation animale reste importante pour protéger la santé des citoyens et des animaux, et pour préserver l’environnement », la Commission a mis en œuvre sa directive des « 3R » : Remplacer, Réduire et Perfectionner l’utilisation des animaux. Elle conclue enfin que « plusieurs projets de recherche «Horizon 2020» visant à mettre au point et à valider des méthodes ne recourant pas à l’utilisation d’animaux dans le cadre de l’évaluation de la sécurité des produits chimiques, des contaminants alimentaires et des nanomatériaux ont été autorisés ou sont en cours d'autorisation ».
Vous êtes pour l'interdiction de l'expérimentation animale ? Vous pouvez signer la pétition et soutenir Animal Testing !
A lire aussi : Révélations choc : quand le Téléthon finance la souffrance des chiens