Les chroniques de Maître Terrin : Pour Néo, chiot de 9 mois euthanasié par complaisance

Avocate des animaux, je les défends contre des maltraitants qui commettent à leur encontre des actes cruels, sévices ou des négligences graves, comportements que la loi réprime par une peine allant jusqu’à 2 années de prison.
Mais dernièrement, pour Néo, un chiot Setter de 9 mois, l’affaire s’est présentée différemment. Sa mise à mort ne procédait pas d’un acte de délinquance, honni et réprouvé. Néo a été tué de manière affreusement douce, sournoisement préméditée et sans effusion de sang. Dans le cabinet d’un vétérinaire il a été mis fin à sa vie par l’injection d’un liquide létal, à l’image des condamnés à mort aux Etats-Unis, dans les états qui ont conservé la peine capitale.
Mais qu’a donc fait ce bébé de 9 mois, né sourd de surcroît, pour mériter le châtiment suprême ?
C’est sur ce délicat sujet que je me suis penchée. Et je n’ai pas trouvé de réponse, ni juridique dans les codes ou moteurs de recherche, ni factuelle dans le dossier. Plus je lisais, et regardais les photos de ce magnifique chien, et moins je trouvais de raison à son départ brutal, programmé, administré.
J’ai alors décidé de faire convoquer les deux devant la Justice, et la maîtresse qui a voulu la mort, et le vétérinaire qui a adhéré et l’a donnée. Ce sera une des premières fois que le délicat sujet de l’euthanasie de complaisance sera débattu en justice, et j’ai bien senti que cela secouait le landerneau vétérinaire. Tant mieux.
Il y avait d’autres solutions que l’euthanasie
Je défends Néo, et pour moi son droit à la vie était intangible. Et même si ce chien était fougueux ou brusque, le tuer était la dernière chose à envisager. Il y avait des solutions, forcément, certes plus coûteuses ou compliquées, mais tout doit être tenté avant l’irréversible
Et tandis que je rédigeais cette assignation, déployant mes arguments en faveur du droit à la vie de Néo, je pensais à lui, son image habitait mon esprit et je me demandais si au moment de la trahison suprême il était monté sur la table de ce vétérinaire confiant et en remuant la queue, ou s’il s’était douté, avait compris …
Pauvre petit, depuis son paradis, il entendra peut-être nos joutes verbales dans une salle d’audience. Car je voudrais qu’il soit acté par jugement que le droit à la vie de ce chien était dans la balance de la Justice bien supérieur au confort de l’humain. Qu’il soit dit et jugé que l’animal a des droits, et le plus fondamental d’entre tous qui est le droit de vivre.
Les juges saisis peuvent faire progresser la cause, en condamnant la maîtresse de Néo, et son bras vétérinaire armé d’une seringue. Je rêve d’un jugement qui le dise.
Je me battrai pour ça. Pour que Néo ne soit pas mort pour rien.
Maître Isabelle Terrin
Avocate
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