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chat qui se gratte

Mon chat s’arrache les poils, pourquoi ?

Par Stéphane Tardif Vétérinaire

Publié le

Mon chat s’arrache les poils, pourquoi ?

C’est un motif de consultation fréquent en clinique vétérinaire, pour le chat. Malheureusement, ce symptôme peut cacher à la fois un problème d’ordre biologique (comme un parasite), mais aussi un problème comportemental. Il faut donc être un minimum renseigné pour faire face à ce genre de symptômes.

Un chat qui s’arrache les poils le fait toujours pour deux raisons : soit il y a une sensation désagréable à l’origine des léchages et arrachages de poils, ou un trouble biologique, soit le trouble est uniquement comportemental, on parle alors de comportement répétitif (ou d’hyper-toilettage). Cependant, il est facile de confondre avec un chat qui perd ses poils, sans se les arracher : il n'y a alors pas de démangeaisons.

Les lésions peuvent être impressionnantes : des zones sans poils (dites alopéciques) peuvent se découvrir, accompagné de rougeurs sur la peau. Cela peut même évoluer jusqu’à une infection de la peau, ou des automutilations, dans les pires cas. Suivant la localisation des léchages, et le type de lésion, on peut déjà récupérer des informations sur la cause potentielle.

Les causes biologiques de perte de poils

Pour la majorité, elles nécessitent de passer en clinique vétérinaire pour être objectivées :

  • parasitaire : puce, gale, teigne sont trois des parasites les plus courant sur le chat, et il faut toujours commencer par leur recherche (ce qui nécessite de passer par une clinique vétérinaire). La teigne est citée mais techniquement, elle provoque des pertes de poils sans que le chat ne se gratte : l’aspect de la peau, la forme des zones sans poils et leur localisation, et la présence ou non de démangeaisons sont autant d’éléments qu’un vétérinaire prend en compte dans son diagnostic.
  • endocrinienne : l’hypothyroïdie, le diabète sucré, ou le syndrome de Cushing (très rarement observé chez le chat) sont des maladies qui peuvent causer la perte de poils : seul des analyses sanguines permettent de vérifier ces hypothèses.
  • allergique : les réactions d’hypersensibilité peuvent rendre un chat fou tellement les démangeaisons sont importantes. Et parfois, il suffit d’une piqure de puce pour provoquer la réaction allergique : on ne trouve donc pas trace de puces dans son pelage, mais ce sont pourtant elles qui sont à l’origine des symptômes et il faut le traiter contre les puces même sans en voir. Il en va de même pour l’allergie alimentaire : un régime d’éviction alimentaire peut être proposé, l’allergie est en général provoquée par une protéine alimentaire, il faut alors changer l’aliment.
  • maladies rares et/ou inconnues : il faut toujours garder en tête qu’on ne connait pas encore toutes les maladies, notamment si les examens complémentaires ne donnent pas de réponses. Certaines maladies rares, comme l’alopécie extensive féline, se diagnostique par biopsie.

Pour vous donner un ordre d’idée de la complexité d’un diagnostic face à un symptôme aussi commun, voici l’arbre décisionnel d’un vétérinaire lorsqu’il accueille un animal pour perte de poils.

©Miroslav Pesek/ Shutterstock

Les causes comportementales de perte de poils

Après avoir exclu les hypothèses de causes biologiques, le vétérinaire peut envisager les causes comportementales. Mais il faut commencer par l’examen clinique et les examens complémentaires : s’ils donnent une réponse, alors c’est une certitude et on est sûr de traiter la bonne cause. Tandis qu’en comportement, on agira sur la base d’hypothèses, avec des processus thérapeutiques longs : l’échec est garanti si une cause biologique a été oubliée.

Si le chat ne se gratte pas à cause d’une maladie, il faut donc se pencher sur les causes psychosomatiques. Or, il s’avère que le chat est un animal sensible et délicat. Comme souvent pour les petits mammifères, il est génétiquement programmé pour être en alerte vis-à-vis d’un éventuel danger, ce qui le rend potentiellement très anxieux, voire parfois phobique. Il faut garder à l’esprit que le chat est un animal facilement stressé.

De plus, le chat est pétri de petites habitudes, c’est un animal très ritualisé. Le toilettage, notamment, fait partis de ses comportements quotidiens, et il y passe un temps non négligeable, mais constant, lorsqu’il est en équilibre psychologique.

Si le chat ressent un stress, il peut le manifester en augmentant son temps de toilettage, ce qui provoque l’apparition de zones sans poils. On parle alors d’alopécie de léchage : cela peut toucher différentes zones mais c’est souvent le ventre qui se dégarnit vite.

Ainsi, le chat qui s’arrache les poils à cause d’un motif comportemental sera souvent une manière pour lui d’exprimer son stress. En psychologie humaine, on parle de TOC (Troubles Obsessionnels Compulsifs), et même si le terme n’est pas réutilisé tel quel chez le chat (faute d’avoir des études assez précises pour le faire), on suspecte fortement cette notion compulsive dans ces comportements.

Quelles sont les causes de stress chez le chat ?

La difficulté est dorénavant de déterminer la cause du stress chez le chat. Attention, il n’y a pas de causes prédéterminées : les études dégagent quelques tendances, mais chaque cas est unique et il ne faut jamais perdre de vue la notion d’individualité : ce qui est stressant pour un animal peut ne pas l’être pour un autre, et vis-versa.

Parmi les causes fréquentes, on retrouvera tout ce qui touche à un environnement difficile, peu adapté au chat :

  • Déménagement récent, changement d’espace de vie
  • Arrivée d’un nouvel individu : le chat est une espèce à tendance solitaire, un chat non habitué pourra très mal vivre de partager brutalement son espace avec un autre chat, un chien, ou un enfant. Il faut anticiper ce genre de transition pour les réaliser en douceur.
  • Départ d’un nouvel individu : au contraire, la disparition d’une personne avec qui le chat avait développé un lien social peut l’affecter
  • Espace trop restreint : le manque d’espace peut être une source de stress importante pour le chat
  • Rythme alimentaire : le chat est un grignoteur, qui fait entre 10 et 20 repas par jour : une alimentation trop irrégulière, pas assez fréquente, ou qui ne garantit pas sa satiété, peut être une source de stress
  • Lieu d’élimination inapproprié : pas assez de litières, litières sales ou emplacement peu pratique, effrayant : le chat est très exigent sur ses toilettes

La liste des causes est non exhaustive. Par ailleurs, le chat peut manifester d’autres signes de stress, comme un comportement plus agressif ou de la malpropreté.

Il est très difficile de déterminer la cause du stress si on ne connait pas bien les besoins du chat. Il faut donc souvent faire appel à un professionnel du comportement du chat : seule une analyse longue et minutieuse de l’environnement du chat peut permettre de comprendre son tempérament, et ce qui peut éventuellement lui causer du stress.

A cette occasion, une consultation à domicile permet au spécialiste d’appréhender directement le lieu de vie du chat, et observer son comportement dans son environnement habituel : c’est particulièrement indiqué si on ne veut pas que le stress du transport vienne influer sur le diagnostic…

Dr Stéphane Tardif
Docteur vétérinaire - rédacteur pour Wamiz

A lire aussi : Comment gérer la période de mue chez le chien/chat ?

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1 commentaire

  • Girni21
    Girni21
    Merci Docteur Tardif pour nous faire part de ces informations aussi précieuses qu'utiles.
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